Et ça repart, Dimajazz 2007 est là, comme une hirondelle qui ameute tout le soleil et tous ses rayons, pour venir fleurir du 7 au 12 avril et nous réchauffer un temps, celui des fringantes sonorités et de leurs moindres bruissements. Le festival de cette année, en plus du fait qu'il confère désormais à Constantine le statut inéluctable de carrefour méditerranéen du jazz, vient confirmer la saga palpitante de l'association Limma qui, malgré la fatalité, comme nous le verrons plus tard, récidive de plus belle et nous livre, à travers un programme riche et savamment étoffé, une édition en couleurs, lumineuse et fin prête pour nous transporter. Après la disparition de Aziz Djemmame et celle de Adel Merrouche, d'aucuns pensaient que l'aventure allait continuer et c'est dire alors tout le courage et toute la conviction qui ont poussé le reste de la bande à redoubler d'efforts pour nous gratifier d'une édition qui témoigne, comme une prière exaucée, d'un hommage, ineffable serment, en charge de nous restituer la partition magistrale des hauteurs, de l'élévation. La transe, cuvée promise, sera célébrée du 7 au 12 avril, au Théâtre régional de Constantine. L'affiche de cette 5e édition marque une nouvelle approche, une exigence qualitative, preuve d'un gain en maturité fort appréciable, tant il garde intact le souci de nous offrir le must d'un jazz à la confluence afro-méditerranéenne. Et pour preuve, le Sextet Sixun, mené par Louis Winsberg, guitariste lumineux qui, depuis une vingtaine d'années, n'arrête pas de coller les morceaux d'un répertoire jazz-rock, bigarré et retentissant à souhait, il sera accompagné par l'excellent Paco Sery, l'Ivoirien aux baguettes magiques, consacré meilleur batteur au monde, Stéphane Edouard, percussionniste hors catégorie, Jean-Pierre Como sublime aux claviers, Michel Alibo bassiste de talent et au sax, le souffle magnanime d'un Alain Debiossat en pleine forme. Sixun est retenu pour le spectacle de clôture, et ça promet de casser la baraque. L'autre grande révélation du festival, la chanteuse new-yorkaise de Paris, Janice de Rosa, la diva du blues, splendide avec sa voix cassée, rauque mais ô combien chaude et voluptueuse, pour sa virée constantinoise, elle sera accompagnée de musiciens talentueux, et se produira le 11 avril. Autre grande figure de l'afro-jazz, le bassiste aux gants noirs, le Camerounais Etienne M'bappé, qui n'arrête pas de croiser les cordes, multipliant et partageant les expériences, il revient à Constantine avec sa propre formation. Nefs Quartet et Mamdouh Bahri Quartet ouvriront le festival. La première soirée permettra au Nefs quartet d'abord de donner du souffle Nefs à travers des compositions bariolées aux saveurs de l'Afrique et de la Méditerranée. Mêlant avec brio les styles arabo-andaloux, flamenco, rythmes du désert, chants Gnawa et afro, ils chaufferont suffisamment le public pour le livrer ensuite, tout cuit, aux gars du Mamdouh Bahri Quartet qui se chargeront de l'envoyer planer un coup avec les étoiles, grâce à des mixtures secrètes, faites de swing et de saveurs orientales et aux envolées électriques de ce Tunisien sorti droit du Spirit of life, ensemble de New York. Sinouj, la formation constantinoise qui se prépare à enregistrer son premier CD, Tribu, l'excellente formation belge qu'a rejoint le grand Nelson Veras à la guitare, mais encore Rolex de Sylvain Cathala, qui est considéré comme l'un des jazzmen les plus novateurs et les plus talentueux de l'Hexagone, seront à l'affiche pour le bonheur de nos sens, qui, le temps de ce salutaire matraquage jazzistique, fleuriront absolument notre printemps, alors vite aux guichets et jazz qui peut !