« Si cette initiative est anéantie, je ne crois pas que se présentera une meilleure chance de paix dans un proche avenir », a déclaré le président palestinien à quelques heures de l'ouverture de cette rencontre. L'ordre du jour chargé — comme de coutume — du dix-neuvième sommet arabe n'a pas réussi à noyer l'essentiel. Il s'agit de la question palestinienne que l'on considère encore — et fort justement d'ailleurs — comme le cœur du conflit du Proche-Orient. Même la presse américaine, d'habitude si réservée sur les rencontres arabes, conférait à ce rendez-vous un caractère important et même crucial. Pour cela, elle met en évidence la nouvelle tournée que vient de boucler la secrétaire d'Etat américaine et le voyage dans la région du secrétaire général de l'ONU qui aurait pu se contenter d'une simple présence à la cérémonie d'ouverture hier dans la capitale saoudienne de ce sommet que l'on considère aussi comme celui de la dernière chance pour une solution à ce conflit. On disait des pays arabes qu'ils allaient, durant ce sommet de deux jours, ressusciter leur offre de paix à Israël vieille de cinq ans. C'est Israël et ses alliés qui l'ont suggéré en revenant de manière très formelle sur leur refus d'il y a cinq années, mais cette évocation ne constitue aucun recul, puisqu'Israël entend renégocier cette offre selon ses propres conditions, et plus simplement commencer par la fin, c'est -à-dire arracher une reconnaissance arabe sans rien donner préalablement, alors que la résolution du sommet de Beyrouth, soumise par l'actuel souverain saoudien, offrait clairement la normalisation en échange du retrait israélien de tous les territoires arabes depuis 1967. Il est d'ailleurs attendu des chefs d'Etat qu'ils ratifient aujourd'hui peu avant la cérémonie de clôture, les projets de résolution adoptés lundi par leurs ministres des Affaires étrangères, parmi lesquels une relance, dans sa forme initiale et sans aucun amendement, de l'initiative de paix avec Israël adoptée par le sommet arabe de Beyrouth de 2002. Une telle proposition est intervenue vingt ans exactement après une autre offre saoudienne également, de reconnaissance. C'était lors du sommet arabe de Fes au Maroc en septembre 1982. Toutes ces offres ont été rejetées. Comme pour les précédentes propositions, pour les dirigeants arabes, la relance de ce plan par le sommet de Riyad aura pour conséquence de renvoyer la balle dans le camp israélien. Pour le ministre saoudien des Affaires étrangères, cette offre constitue la dernière chance d'Israël. Si l'Etat hébreu rejette ce plan, « cela signifie qu'il ne veut pas de la paix et qu'il s'en remet au destin », a-t-il dit. Mais « ils ne remettront par leur avenir entre les mains des gardiens de la paix, mais dans celles des seigneurs de la guerre », a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il n'y aurait pas d'autre offre de la part des Arabes. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, avait abondé dans le même sens, en déclarant à quelques heures de l'ouverture du sommet que « si cette initiative est anéantie, je ne crois pas que se présentera une meilleure chance de paix dans un proche avenir ». Le Haut représentant de l'UE pour la politique extérieure, Javier Solana, arrivé dans la nuit à Riyad pour assister à un sommet qu'il a qualifié de « très important », a exhorté les leaders arabes à profiter de « la fenêtre d'opportunité » actuelle pour relancer le processus de paix. Et pourtant, M. Solana ne doit pas ignorer que l'offre en question est arabe, et que la fenêtre en question a été ouverte par les Arabes et personne d'autre. Mais avant cela, les Arabes vont s'accorder sur un principe, celui d'appeler à la levée du boycott international contre le nouveau gouvernement palestinien d'union, ce qui signifie préalablement que leur propre position à son égard ne souffre d'aucune ambiguïté. Une manière de clarifier les positions.