Que peut bien apporter de plus la signature par l'Algérie de la convention sur les droits des personnes handicapées, sachant que cette dernière tend en sa finalité à empêcher toute forme de discrimination à l'égard de cette population qui est en augmentation constante ? La convention et son protocole facultatif, s'ils comblent un vide juridique certain, ils permettent aussi davantage de clarté sur les droits des handicapés. Il serait alors judicieux de parler de ce qui est fait en matière de politique d'insertion et de prise en charge de cette frange, et de relever l'insignifiance des revenus et l'obsolescence de la pension que l'Etat leur octroie. Si les routes tuent une personne toutes les 9 heures, il n'en demeure pas moins qu'elles blessent sérieusement une personne chaque 37 minutes, et c'est ce qui vient malheureusement gonfler la liste des personnes handicapées. En une seule semaine, il a été enregistré par les services de la Gendarmerie nationale 376 accidents de la route qui ont occasionné 52 morts, mais aussi quelque 625 personnes gravement blessées. C'est alors que l'on arrive à s'expliquer les chiffres douloureux qui indiquent, du moins pour la seule wilaya de Constantine, une population de handicapés, recensés à l'occasion du 14 mars dernier et dotés de cartes attribuées par les services de la DAS, totalisant le chiffre de 28 426 handicapés, dont 13 163 présentent un handicap moteur, dû pour bon nombre d'entre eux, à des accidents de la route. Les handicapés mentaux sont au nombre de 10 409, les non-voyants 2 915, et les mal-entendants 1 696 ; quant au nombre des personnes présentant plusieurs handicaps, il s'élève à 243, ceci en considérant bien sûr le fait qu'il existe des handicapés non recensés, non déclarés et qui échappent aux statistiques élaborées par les institutions en charge de l'action sociale. Les principes généraux énoncés dans l'esprit et la lettre de la convention signée relèvent le respect de la dignité des handicapés, ils retiennent la nécessité de leur permettre une autonomie effective et de leur garantir le plein droit à la santé et à l'éducation et de leur assurer l'emploi et d'affirmer leur droit à la participation à la vie politique. Mais à cet arsenal juridique, de lois et règlements, il reste à compter sur la capacité de cette frange de la société civile et des organisations ou associations versées dans la prise en charge du handicapé pour dénoncer le déni de droit, les manquements et le déficit flagrant chez nous de la mise en application de ces lois, et à ce titre que nous restons grandement handicapés, et n'est-ce pas là toute notre détresse ?