Le génocide, perpétré par les autorités marocaines, s'inscrit dans le cadre d'un plan politique et d'un dessein parfaitement élaboré qui a toujours prétendu soumettre absolument la société sahraouie, éradiquer tout signe de résistance et l'exterminer en tant que groupe ethnique ». Voilà un témoignage de première main, que ne devrait pas dédaigner le juge espagnol Baltazar Garzon en charge du dossier de la violation des droits de l'homme dans les territoires du Sahara-Occidental sous occupation marocaine. Le témoignage est en effet extrêmement précieux, car il est apporté par une personne qui connaît le poids des mots. Et ceux qu'il utilise sont accablants. Ils corroborent, en tous cas, ce qui est déjà connu. Ainsi, déclarera l'ancien procureur espagnol Carlos Jimenez Villarejo, le peuple sahraoui a été victime d'une politique de « génocide » pratiquée par les autorités marocaines, ce qui a provoqué la fuite de120 000 sahraouis des territoires occupés du Sahara-Occidental, dont le but est « d'exterminer » ce peuple « en tant que groupe ethnique ». C'est la conclusion qu'il a lui-même tirée dans une tribune publiée par le quotidien catalan El Periodico. « Personne ne peut douter du fait que le peuple sahraoui a été victime, entre autres crimes, d'un génocide, à travers une intimidation généralisée aussi grave et permanente et a provoqué la fuite massive de la population des territoires occupés vers les territoires limitrophes, jusqu'à atteindre le chiffre très élevé de 120 000 réfugiés », écrit-il dans un style qui est le sien. L'ex-procureur souligne que ce « génocide, perpétré par les autorités marocaines, s'inscrivait dans le cadre d'un plan politique et d'un dessein parfaitement élaboré qui a toujours prétendu soumettre absolument la société sahraouie, éradiquer tout signe de résistance et l'exterminer en tant que groupe ethnique ». L'auteur de ce témoignage rappelle que ces crimes relevant du génocide ont commencé « après l'occupation du Sahara-Occidental en 1975 », citant notamment les centaines de cas de « disparitions forcées » dont ont été victimes les Sahraouis et au sujet desquels les Nations unies ont exprimé de façon répétée leur « préoccupation ». Il rappelle, en outre, que « beaucoup de Sahraouis furent soumis à la torture, certains jusqu'à la mort, dans des centres de détention, tels que la prison d'El Ayoun, les prisons secrètes d'Agdaz, Kallat Mgouna, Agadir et les casernes de Smara. « Les cadavres étaient jetés dans des fosses communes, sans identification, fosses dont certaines ont été localisées à Jdairia, à l'est de Smara, Lamsayed, près de la ville de Tan-Tan, ou sur la plage d'El Ayoun, près d'un centre de détention et de torture », précise-t-il. Il rappelle également qu'il existe des « rapports qui relatent comment de nombreux sahraouis séquestrés étaient précipités depuis des hélicoptères ou enterrés vivants ». « Tous ces faits doivent être situés dans le contexte d'un peuple, le peuple sahraoui, soumis à la domination d'une puissance étrangère qui l'empêche d'exercer son droit à la libre détermination, conformément à la Déclaration de l'Onu sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples colonisés », observe l'ancien magistrat. Il souligne, en conclusion, que les faits décrits « n'ont fait l'objet ni d'une enquête, ni d'un jugement », ce qui implique, affirme-t-il, « un cas évident d'impunité » et une « grave responsabilité internationale » du Maroc. Le témoignage est trop précis car il comporte des faits et des détails que le juge Garzon doit utiliser dans son enquête. Il était temps que les langues se délient, et que la vérité soit établie et portée devant l'opinion internationale. Celle qui consiste à dire toute la souffrance du peuple du Sahara-Occidental qui résiste contre l'occupant marocain.