En matière de prévention du suicide, notamment l'absence d'une structure de prévention du suicide, l'impatience grandit à Annaba. L'on s'étonne que les démarches entreprises pour relancer le projet de création d'un Centre de prévention du suicide (CPS) n'aient toujours pas eu de suite. Cette création est rendue nécessaire par la multiplication des actes et tentatives de suicide enregistrés ces dernières années. Les initiateurs du projet avaient préconisé en 2004 au ministère de la Santé l'implantation du CPS proche du service des urgences médicales et de réanimation. Depuis, des dizaines de tentatives de suicide ont été enregistrées par le service de réanimation. Les auteurs ont été orientés vers le Centre médico-psychologique (CMP) pour une évaluation psychologique et un suivi rigoureux. Quelques-uns seulement s'y étaient présentés. « Compte tenu des récidives plus graves et souvent fatales, la mise en place de centres de prévention est devenue une nécessité absolue », affirment les psychologues de l'établissement hospitalier spécialisé en psychiatrie Errazi. Le nombre de 271 tentatives enregistrées par le CMP ces 3 dernières années est qualifié d'effarant par les psychologues. De ce nombre, 72,34% sont des femmes, dont 67,52% sont âgées de moins de 25 ans et 75,27% célibataires. Ingurgiter des médicaments est le procédé utilisé par 77,49 % des auteurs de ces tentatives de suicide. Ces dernières représentent 5,16% parmi les toxicomanes. Le branle-bas de combat lancé par les praticiens algériens est le résultat de nombreuses participations à des manifestations nationales et internationales sur la prévention du suicide. C'est notamment le cas lors du congrès international sur cette question annuellement organisé à Montréal (Canada), du meeting international sur le suicide régulièrement tenu en Slovénie et le congrès international francophone sur la prévention du suicide de France. Dans différents pays, ce phénomène de société a été pris en charge avec la création de centres spécialisés de prévention contre le suicide. Dans le nôtre, il fait l'objet de sérieuses discussions autour de l'élaboration d'une politique nationale de prévention du suicide. « Les autorités sanitaires centrales, dont la direction des actions sanitaires spécifiques, sont sensibilisées sur ce dossier. Nous avons la certitude que des propositions allant dans le sens de la mise à la disposition de moyens adéquats seront avancées. Elles pourraient même faire l'objet d'une rapide matérialisation avec la création de centres de prévention du suicide dans les grandes agglomérations », ont indiqué des praticiens en poste à l'EHS Errazi. Comme le reste des 45 pays du continent africain, l'Algérie ne dispose toujours pas de système national de recueil des données sur les conduites suicidaires. Notre pays ne transmet aucune information ou donnée sur ce fléau qui prend de plus en plus de l'ampleur. Ce qui le place dans le groupe des pays dits en transition épidémiologique. Une position qui lui impose de mettre en place, très rapidement, une surveillance épidémiologique et des travaux de recherches localement adaptés afin de mieux comprendre ce grave problème de santé publique et améliorer les moyens de prévention.