Inamovible et incontesté président, depuis plus de huit ans, de la chambre régionale des arts et des métiers de Tiaret, qui englobe aussi Tissemsilt, Hadj Ghlam Moulay Driss nous parle dans cet entretien de la situation et des perspectives de l'artisanat. Quelles sont, aujourd'hui, M. le président, les préoccupations des artisans locaux ? Pour ne rien vous cacher, les artisans de la région, du moins une bonne partie d'entre eux, sont livrés à eux-mêmes car, en plus des problèmes qu'ils rencontrent, chacun dans sa spécialité, il y a la cherté de la matière première. Et bien sûr il y a la fiscalité. Le tissage traditionnel du tapis, très pratiqué dans nos zones rurales essentiellement, a besoin de circuits d'appoint et d'une politique locale clairement définie et c'est pour cela que l'inscription du secteur sous son angle économique à travers son intégration à la PME a été d'un apport vital. Concrètement, que préconisez-vous ? Il y a la nécessité de poursuivre les efforts entrepris en direction de certaines populations ciblées pour les fixer, en réhabilitant le travail manuel comme facteur de valorisation sociale. Quelle stratégie pour promouvoir le produit local ? Pour la stratégie, il n'y a pas trente six chemins, puisque notre démarche qui est celle induite par la politique de l'Etat en la matière consiste à « améliorer l'information économique en direction des artisans, en leur fournissant la documentation de vulgarisation, de spécification des normes, d'amélioration des techniques de fabrication et de l'identification des opérateurs et négociants susceptibles de s'inscrire dans la dynamique de promotion et de développement du professionnalisme dans l'exportation du tapis. Et à court terme ? A court terme, il faudrait réhabiliter les circuits de collecte et songer localement à des journées de sensibilisation destinées surtout à écouter les nombreux problèmes que vivent nos artisans locaux, dont on estime le nombre à 3 000. Y'a-t-il des solutions pour les artisans ? La chambre, qui est membre de la commission de qualification, en collaboration avec d'autres organismes étatiques telles la CNAC, l' ANGEM et l'ANSEJ, a participé à certaines opérations ayant valu à certains artisans de bénéficier de soutiens et d'accéder aux crédits. Il y eut, en 2003, 45 projets, 60 en 2004 et 75 autres en 2005. Un crédit qui s'étale jusqu'à 100 000 dinars, en plus de l'assistance auprès de maîtres- artisans qui continuent à nous former des jeunes dans différentes disciplines, dont les plus prisées dans la région concernent notamment la sellerie-bourrellerie et la tapisserie. Le plus intéressant est que le secteur va bénéficier d'un centre de facilitation, d'une pépinière, de la réalisation d'un centre de collecte de la laine et d'une maison de l'artisanat.