Fragmentation, profondeur, harmonie esthétique, rapport d'ambiguïté au temps et à l'histoire, superposition des éléments naturels, tels le vent, le ciel et la terre, de l'abstrait et du concret, Catherine Poncin, artiste-photographe française, a drainé le public de l'univers incommensurable des gorges du Rhummel, vers un univers spirituel, né d'une quête personnelle. A partir d'une résidence d'artistes à Constantine, elle fusionnera des photographies d'archives de femmes constantinoises gracieuses, vêtues d'habits traditionnels avec les extraordinaires effigies de la mythique Cirta, dont les représentations restent, entre autres, celles des anfractuosités du Rhummel, réalisées par un photographe algérien. Catherine Poncin voulait, par cette création, retranscrire ses sentiments les plus enfouis et mettre en relief la relation qui existe entre l'artiste et son œuvre. Elle témoignera, lors d'une conférence animée samedi dernier au Centre culturel français de Constantine, qu'à travers la photographie elle sentait les odeurs et entendait les bruits . Cette vision « cosmique » qu'elle parvient à refléter, se caractérise par des images vivantes d'un rapport déferlant aux hommes, lesquels entretiennent un lien étroit avec le matériel, telles que les sculptures, car à son sens, « la photographie est l'idée, voire la position de l'artiste ». Les œuvres de Catherine Poncin exposées au CCF étaient de véritables épreuves « Vertigineuses », où à travers une démarche de l'image par l'image, « elle irradie les corps, les dévoile et les traverse ». Cette artiste n'en est pas à sa première exposition, puisque lors de la réouverture du CCF, en mai 2005, elle fera son entrée avec son œuvre intitulée « Palimpseste », sur le thème de Voltaire. Constantine a été choisie comme résidence en raison de son environnement qui produira sur l'artiste des sensations de vertiges. D'autres vertiges devaient ainsi se dégager de ces lieux ; « vertiges physiques, géographiques, des corps, de l'amour, pour ne former alors plus qu'un : les vertiges de la vie ». Au terme de cette rencontre, une vidéo filmée par l'artiste même, d'une durée de 12 minutes et qui représente les ponts de Constantine, a été projetée sur fond de chants du rossignol et de l'ortolan lesquels annoncent « le printemps et donnent le la au malouf ».