A force de vouloir préserver son cachet purement agricole, la commune de Zighoud Youcef a fini par payer ses échecs successifs, pour se retrouver avec la qualité d'une région sans aucune vocation. Les habitants de cette ancienne bourgade, qui a connu une croissance fulgurante pour devenir une daïra à part entière, déplorent toujours les choix des autorités de la wilaya de Constantine, avec la complicité des municipalités qui ont pris les rênes de l'ex-Condé Smendou. « En fait, la commune n'a été ni agricole ni autre chose, car depuis des décennies on n'a pas bénéficié de projets de développement notables », nous dira un vieux commerçant, rencontré au marché du 20 Août 1955. Un avis qui résume un marasme général rongeant toute une population. Une année, presque jour pour jour, après les émeutes du 17 avril 2006, un retour sur les lieux indique que rien n'a vraiment changé. A 35 km de Constantine, la commune de Zighoud Youcef, plus proche du territoire de la wilaya de Skikda, donne au visiteur l'impression d'un lieu confiné dans un exil, pourtant la ville domine majestueusement la RN3. « Le chômage reste encore notre première préoccupation. Il y a parmi nous des milliers de jeunes qui n'arrivent pas à trouver un emploi, même temporaire », affirment des jeunes rencontrés dans une salle de sports. On estime déjà à plus de 10 000 jeunes chômeurs, diplômés ou pas, inscrits sur les listes d'attente des bureaux de la main-d'œuvre. Ces mêmes jeunes qui ont explosé de colère il y a une année, alors qu'ils attendaient vainement la visite du Président. « Les élus locaux et autres représentants du peuple n'ont guère été à la hauteur de nos attentes », nous disent des jeunes qui dénoncent le laxisme et l'attentisme d'une APC qui s'est contentée de gérer les affaires courantes. Pour nous prendre comme témoins, des jeunes nous ont évoqué le cas du projet du gazoduc qui traverse le territoire de Zighoud Youcef vers Skikda, et que Sonatrach a confié à l'entreprise égyptienne Petrojet. « L'APC a montré son incapacité à gérer le dossier de recrutement de la main-d'œuvre locale pour les besoins des travaux qui devront être effectués sur son sol, alors elle a choisi de le confier au bureau de la main-d'œuvre se trouvant à Hamma Bouziane, du coup des centaines de jeunes se retrouvent privés d'emploi », nous dit-on. Il y a une année, des jeunes se sont révoltés pour réclamer leur droit au travail dans une commune qui s'appauvrit à défaut d'une zone d'activité industrielle, commerciale, ou même d'un projet capable de résorber le fort taux de chômage. « Des promesses, il y en a eu tellement au lendemain de la visite du Président, mais du concret il n'y en a pas, car les jeunes de Zighoud Youcef font 100 km par jour pour aller travailler dans les chantiers de la nouvelle ville Ali Mendjeli », nous lance un épicier du vieux marché qui, à l'instar des autres commerçants, arrive difficilement à boucler ses fins de mois. Une année après, les jeunes de Zighoud Youcef restent toujours dans l'attente d'une véritable prise en charge de leurs revendications légitimes, et refusent des promesses sans lendemain.