Les Marocains sont sortis jeudi soir dans la rue pour dénoncer haut et fort le terrorisme et condamner toute forme de violence et d'extrémisme. Casablanca (Maroc). De notre envoyé spécial Des centaines de citoyens, plus de 1000 selon les organisateurs, près de 500, d'après la police, ont observé un sit-in à la place Mohammed V au centre-ville de Casablanca, répondant ainsi à l'appel des nombreuses associations et ONG locales, à leur tête le Collectif Démocratie et Modernité. A peine 18h, soit une demi-heure avant l'heure fixée pour le sit-in, la place qui porte le nom du défunt grand-père du roi du Maroc était déjà noire de monde : des jeunes, des moins jeunes, des femmes en hidjab, d'autres en jeans, des vieux qui se réclament toujours de gauche… Premier du genre depuis que le royaume chérifien est touché par des attentats terroristes, le rassemblement a eu cette particularité d'avoir regroupé les différentes sensibilités associatives, politiques, culturelles, artistiques et syndicales du pays. Arborant haut la main le drapeau marocain, des jeunes scandaient en chœur : « Nahnou chabab nohibou el hayet (nous tous des jeunes, nous aimons la vie) ». D'autres criaient à tue-tête : « Islam jamahir l'Islam la irhabi (l'Islam est de masse et non pas de terrorisme ». Des jeunes, garçons et filles, exhibaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Vive la vie » ou encore « Pas de quartier au terrorisme ». D'autres portaient des t-shirts frappés du slogan « Touche pas à mon pays ». Des banderoles ont été également affichées où était écrit « Ensemble contre le terrorisme, la haine et la violence », « L'Islam est une religion de tolérance et non de haine » ou encore « Non à la haine, tous contre l'obscurantisme », « Tous contre la barbarie et la mort ». Des cris fusaient de partout. Les services de sécurité, fortement présents sur place, avaient trouvé du mal à contenir la foule dans l'espace qui lui a été réservé. Cette dernière a fini par occuper le boulevard Hassan II qui longe la place. « Je suis là pour dire à ces terroristes, vous ne me faites pas peur », lâcha Mehdi, qui dit être étudiant ici à Casablanca. « Je suis contre toute forme de violence surtout lorsque celle-ci a des référents religieux. C'est le plus grand mal que l'on puisse faire à notre religion : l'Islam », enchaîna-t-il. « Je suis là pour exprimer mon rejet de toute forme d'obscurantisme et dire que je suis pour la démocratie, la modernité et l'ouverture sur toutes les cultures du monde entier », nous déclara Aïcha Beghad, membre du bureau exécutif du Front des forces démocratiques. D'autres responsables politiques étaient présents au sit-in. C'est le cas de Saâd Eddine El Othmani, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), première formation politique islamiste au Maroc. Le vice-SG du même parti, Daoudi Lahsen, ainsi que l'avocat Mustapha Ramid qui représente le courant radical au sein du PJD y sont aussi venus. « Nous sommes solidaires avec l'Algérie. Les deux peuples sont côte-à-côte à plusieurs niveaux. Le terrorisme ne pourra qu'être vaincu car il porte en lui-même les germes de la mort », affirma M. Daoudi. « Nous n'allons pas abdiquer. Nous sommes là pour condamner cette forme d'égarement religieux. Un sit-in n'est certes pas suffisant pour faire face à cette violence. Mais, nous appelons les différents acteurs politiques et de la société civile et les gouvernants, voire même ceux qui appellent à cette violence, à s'asseoir autour d'une même table et discuter », souligna Simon Lévy, un retraité ancien militant communiste. « Les Marocains, de tous âges et confessions, sont là pour réaffirmer leur rejet des déviations et des actes barbares des terroristes. Ils veulent aussi dire aux criminels qu'ils n'entameront en rien notre volonté de vie et de construction », dira Nacer Chraïbi, du Collectif Démocratie et Modernité. « Nous sommes contre la violence. Nous participons à ce rassemblement pour dénoncer et condamner le terrorisme et manifester notre attachement à notre pays, le Maroc », a indiqué Boris Toledano, président de la communauté juive marocaine à Casablanca. Le rassemblement s'est tenu au moment où la traque de 13 autres kamikazes se poursuit et le spectre d'un nouvel attentat suicide n'est absolument pas à écarter.