Au lendemain des attentats d'Alger et à la veille des élections législatives, le camp dit démocratique et républicain tente, une nouvelle fois, de rassembler son puzzle. Hier, à la Maison du peuple (Alger), Rédha Malek (ANR), Amara Benyounès (UDR) et Ali Hocine (MDS) ont relancé le projet d'un mouvement républicain et démocratique, au sillage de la condamnation des attentats du 11 avril. L'assistance assez nombreuse, avec la présence remarquable de figures historiques du FLN et de l'ALN à l'instar de Mme Ighil Ahriz et de Mohamed Mechati, a planté le décor dès le beau matin. Des banderoles expriment un vrai ras-le-bol : « Pas d'impunité pour l'islamisme assassin », « Pour l'alternative démocratique et républicaine » ou encore « Non à la réconciliation avec le terrorisme ». Prenant la parole, l'ancien chef du gouvernement retrouve sa verve acérée, en lançant fermement : « Depuis les années 1990, nous n'avons pas baissé les bras et nous ne baisserons pas les bras. » Il souligne, en outre, que les attentats du 11 avril constituent un acte provocateur contre l'Etat et la société. « Le Palais du gouvernement est un symbole de l'Etat algérien et de la révolution algérienne et on ne peut permettre qu'on touche au moindre symbole de cette révolution », tranche-t-il. Il ajoute que l'Algérie n'est ni la Somalie ni l'Irak, pays ravagés par les guerres confessionnelles. Le président de l'ANR souligne que le peuple algérien ne peut pas s'incliner devant le totalitarisme terroriste, appelant l'ensemble de la classe politique à arrêter un « consensus général contre le terrorisme et l'intégrisme ». Il a critiqué la démarche du pouvoir qui « préfère composer avec les intégristes et les fonctionnaires du statu quo ». « Les derniers attentats terroristes et la régression politique doivent provoquer le réveil du camp républicain », crie Rédha Malek, sous les vivats de la foule qui scandait « Algérie libre et démocratique ». Il a également appelé les forces vives de l'Algérie à s'organiser autour d'un « patriotisme éclairé » contre la régression, l'obscurantisme et la superstition. « Il faut réveiller la conscience nationale », dira-t-il, appelant l'Etat à protéger les cadres et juguler la fuite des cerveaux. Mais Rédha Malek explique que l'Etat, à lui seul, ne peut régler tous les problèmes, d'où la nécessité pour la société de s'organiser. Il a, en outre, affirmé que la coordination que composent l'ANR, UDR et le MDS en perspective des élections législatives compte s'élargir pour un mouvement démocratique et républicain. Lui succédant, Amara Benyounès, secrétaire général de l'UDR, a enflammé la salle avec un verbe franc et direct, incombant, d'emblée, le terrorisme à son lit idéologique, l'intégrisme islamiste. Il n'a pas manqué, par ailleurs, d'exprimer sa satisfaction des marches de mardi passé qui ont vu le peuple sortir dans les 48 wilayas pour dire non au terrorisme. Cependant, Amara Benyounès recommande la vigilance et la prudence à l'égard de certaines personnalités politiques qui sèment la confusion et le doute. « Comment peut-on accorder confiance à Louisa Hanoune ou Belkhadem qui condamnent aujourd'hui le terrorisme, alors qu'en 1995, au moment même de l'attentat du boulevard Amirouche (Alger-Centre), ils étaient à Sant'Egidio ! » Il réaffirme, en outre, son ferme soutien à l'armée algérienne et les patriotes qui ont lutté contre le terrorisme. Plus explicite encore, il dira : « A l'UDR, nous soutenons toujours les généraux qui avaient arrêté le processus électoral de 1991. » Il assure enfin que le rassemblement ANR, UDR, MDS continuera quels que soient les résultats des législatives du 17 mai. Ali Hocine, lui, a expliqué que la paix ne sera complète qu'avec une économie forte, l'éradication des poches de pauvreté, la justice sociale et une école moderne, en sus de la lutte armée. Il considère le combat pour une Algérie républicaine et moderne comme le prolongement de la lutte de Libération nationale. Un grand absent dans les interventions du trio : la réconciliation nationale. A noter que le MDS se présentera pour le scrutin du 17 mai avec ses propres listes, tandis que l'UDR, toujours non agréée, fusionnera dans les listes ANR.