Broderie, vannerie, travail des roses des sables et fabrication d'encens font la joie des amateurs de produits d'artisanat de Ouargla et de Touggourt, où de plus en plus de femmes et hommes, détenteurs d'un savoir-faire mondialement reconnu, s'organisent actuellement pour revenir à leurs métiers de base et ressuciter le patrimoine. Le nombre d'artisans structurés dans le cadre de la Chambre locale de l'artisanat et des métiers (CAM) a sensiblement augmenté durant les deux dernières années à Ouargla à la faveur de l'instauration d'une nouvelle vision du secteur de l'artisanat dans la wilaya, et les possibilités d'aides financières qui s'offrent aux artisans. Selon les statistiques de la direction des petite et moyenne entreprises et de l'artisanat (DPMEA), le lancement d'une campagne d'inscription à la CAM a permis de mieux cerner le nombre d'artisans dans la wilaya, leurs spécialités et leurs besoins. Le nombre d'artisans affiliés à la CAM a d'ailleurs dépassé les 2800, avec la démocratisation du soutien financier dans le cadre des différents dispositifs d'aide, tels que le fonds de promotion £des activités artisanales, dont l'aide oscille entre 180 000 et 300 000 DA. L'achèvement prochain d'un projet d'échoppes d'artisanat en plein boulevard de la Palestine aura sûrement un effet positif sur ce secteur qui souffre en premier lieu de l'absence de débouchés et du manque de commercialisation. Hormis quelques exceptions, les femmes attendent, quant à elles, leur tour pour trouver un encadrement et un moyen adéquat pour écouler leur production. Il est certain que depuis le massacre qui a métamorphosé l'ancienne place de Souk El Hedjar en un semblant de centre commercial miteux, débordant à longueur d'année d'eaux usées, les artisans n'ont plus que deux voies de recours : les salons régionaux, nationaux et internationaux pour certains, ou encore la Chambre d'artisanat située en plein centre de Ouargla qui écoule une marchandise variée très demandée, autant par les habitants que par les touristes de passage dans la région. La wilaya de Ouargla est notamment connue pour son gisement de roses des sables qui a permis à de nombreux jeunes de se spécialiser dans un travail sur socle en bois mondialement connu, ainsi que la confection de toiles à base de sable, surtout depuis l'émergence de plusieurs maîtres-artisans tel Marouf. La région de Touggourt se distingue par sa broderie traditionnelle implantée par les Sœurs blanches durant l'ère coloniale, et qui demeure la principale activité des femmes du grand Touggourt abritant une structure de formation des filles en artisanat depuis 1923, laquelle regorge de tisseuses et de fabricantes de vannerie très répandue à Temacine où excelle Khali Samira qui expose même en Europe et aux Etats-Unis, mais aussi à Chott et Taïbet et à travers toutes les localités de la wilaya. Par ailleurs, la fabrication de bkhour (encens local) est l'apanage de toutes les femmes de la région surtout à l'occasion de la journée de l'encens qui est un jour à part ; lors du cérémonial du mariage, ce sont les femmes du ksar de Ouargla qui sont les plus douées dans la sélection de la matière première nécessaire à ce produit, et la maîtrise du long et laborieux processus de fabrication. L'encens traditionnel est obligatoire pour les mariées et reste un produit très prisé par les ménages qui recourent à la fumigation pour désodoriser et parfumer les habitations. Les artisans fabricants d'encens sont rares et restent très jaloux de leur savoir-faire. On croit savoir que le premier choix d'encens est directement commercialisé en France, alors que les marchés locaux abondent d'une qualité assez médiocre qui ne reflète pas la qualité incomparable du bkhour ouargli. A signaler enfin qu'outre la réorganisation interne, deux maisons d'artisanat et des métiers, l'une à Touggourt et la deuxième à Ouargla, sont programmées pour l'année en cours. On croit savoir que la direction des petite et moyenne entreprises et d'artisanat de la wilaya a d'ores et déjà débloqué une enveloppe financière de l'ordre de 30 millions de dinars pour le projet de Ouargla.