La couverture médiatique de l'élection présidentielle n'a jamais été déséquilibrée. Paris. De notre bureau Et le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), sorte de gendarme, en est réduit à compter les minutes de passage à la télé des candidats. Par dépit, distancée dans les sondages, la candidate socialiste porte, avec beaucoup de retard, une charge contre les médias. « Je regardais hier les informations sur LCI. Le résumé qui était fait du débat que nous avons eu ensemble, à croire cette chaîne, c'est moi qui avait tout faux et Nicolas Sarkozy qui avait tout juste », a-t-elle déclaré, précisant que plusieurs erreurs du candidat de l'UMP lors du débat de mercredi soir n'avaient pas été évoquées. Elle précise : « Il a des relais extrêmement puissants dans les médias avec le groupe Bouygues, Bouygues qui est le parrain de son fils, le groupe Lagardère... ». Effectivement, sur la chaîne LCI, les journalistes s'étaient lancés dans une surenchère pour décrédibiliser Ségolène Royal et au contraire encenser le candidat de la droite. La chaîne d'information LCI appartient à TF1, détenue à 42,9% par Bouygues. La première chaîne arrive en tête de classement avec une part d'audience de 31,6% en 2006. Martin Bouygues, P-DG du groupe de communication et de B-TP du même nom, a été l'un des témoins du mariage de Nicolas et Cécilia Sarkozy. Il est le parrain de leur fils Louis. Quel est le rapport de force entre les deux candidats sur le plan médiatique ? Les quotidiens Libération et, il y a deux jours, Le Monde affichent leur soutien à la candidate socialiste. Du côté de Nicolas Sarkozy, les alignements en sa faveur ressemblent plus à une allégeance. En plus du groupe très puissant de Martin Bouygues, le candidat de la droite jouit de deux autres soutiens de taille. D'abord du groupe Lagardère, premier éditeur de magazines au monde avec notamment Paris Match et Elle et aussi la radio Europe 1. Arnaud Lagardère, président du groupe Lagardère, est un ami proche de l'ancien ministre de l'Intérieur qu'il présente comme « un frère ». Les « Guignols de l'information » présentent le directeur d'Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach, comme le journaliste fayot par excellence, exemple de la soumission et de la complicité de la presse avec le pouvoir politique. Bernard Arnault, président du numéro un mondial du luxe LVMH et propriétaire du quotidien économique La Tribune est aussi l'un des amis de Nicolas Sarkozy. Autre soutien de taille, le groupe de Serge Dassault, maire sénateur UMP. Serge Dassault, propriétaire du Figaro et de plus d'une dizaine de titres de la presse régionale et spécialisée, ne cache pas son soutien au président de son parti. Le Figaro, qui officiellement n'a pas appelé à voter pour Nicolas Sarkozy, abat un travail de sape depuis plusieurs mois pour son candidat favori. Moqué par ses confrères pour son garde-à-vous devant Nicolas Sarkozy, Le Figaro vient compléter la liste des soutiens. La droite a tout verrouillé. Les membres du CSA appartiennent tous à la majorité, à l'exception de Rachid Arhab. « Je crois qu'à un certain moment, il faut dire les choses telles qu'elles sont, et on sait parfaitement qu'il y a des liens très étroits entre les groupes financiers, les groupes médiatiques et le candidat de l'UMP qui est aussi le candidat du Medef. Toutes les entreprises du CAC 40 ont soutenu le candidat de l'UMP », explique Ségolène Royal. Le candidat centriste François Bayrou ne dit pas autre chose. Ils proposent tous les deux d'interdire aux groupes de presse les marchés publics, une manière légale de mettre Bouygues et Lagardère sur la touche.