Le directeur général de l'Entv précise que le président-candidat n'est pas un empereur qui peut couper la tête de ses collaborateurs. L'Expression : On accuse la télévision de ne pas donner les mêmes opportunités aux candidats à la présidentielle? H.H.C : Il n'y a pas d'entraves. Vous me dites que ces derniers jours, il n'y a pas une certaine équité, c'est faux. Il y a une répartition équitable et du son et de l'image, gérée par la commission nationale et par la profession elle-même : une minute pour chaque candidat et deux minutes choisies par les représentants du candidat. Cependant, donnez-moi une seule télévision du monde qui cède des prérogatives à des politiques pour qu'ils fassent de leur écran ce qu'ils veulent. Que répondez-vous au candidat Benflis qui vous accuse de faire de la manipulation médiatique, et au RCD qui déclare que vous censurez ses images? Je ne répondrai pas à M.Benflis pour plusieurs raisons que je ne pourrai révéler maintenant et d'autres qui sont liées au respect que je dois exprimer à tous les candidats sans exception. Pour ce qui est du RCD, c'est lui qui s'est autocensuré. Je dois vous dire officiellement que c'est lui qui boycotte la télévision et non le contraire. Qu'on ne vienne pas me dire cela après trois ou quatre ans passés à la télévision. Il faut savoir que ce même parti a fermé ses portes aux journalistes de la télévision tout au long de cette période. Vous avez été saisi par la Commission politique de surveillance de l'élection à l'initiative d'El-Islah pour parler des dépassements de votre entreprise? Effectivement, j'ai reçu trois représentants, celui d'El-Islah, du RCD et du président-candidat, pour discuter de la couverture médiatique de la campagne, et ce, sur le plan technique. Le MRN nous a saisis pour signaler un retard enregistré dans le montage d'un meeting. Après vérification, j'ai trouvé que la faute n'incombait pas au monteur qui est un professionnel du métier, mais bien au représentant de Saâd Djaballah chargé de sélectionner les plans. Je le dis et je le répète que nos monteurs ont eu tous la même instruction, c'est celle d'être à la disposition des représentants des candidats. L'Entv ne fait ni dans l'influence ni dans la différence. Récemment, on a assisté à une véritable campagne de dénigrement contre la presse privée notamment. On cite le prêche des imams retransmise par le biais de votre canal. N'estimez-vous pas que cela alimente la fitna? Je suis contre les attaques contre la presse, mais je pense aussi qu'il faut protéger le droit à la critique. Par ailleurs, je ne vois pas pourquoi quelques confrères et consoeurs sont allergiques à des critiques qui viennent de la société. Toutefois, il ne faut pas oublier que les imams, dans ce pays, ont une place particulière, ils ont donné une centaine de martyrs à la République, des journalistes dont nombre sont tombés au champ d'honneur contre le terrorisme. Ils sont les premiers barrages contre l'intégrisme, on ne doit pas tous les incriminer. Maintenant, s'il y a un imam qui a émis une opinion, il a le droit, mais s'il appelle à la haine contre la presse, au meurtre, une rancoeur contre une profession, là, je ne suis pas d'accord. Je n'accepterais pas que la télévision devienne une tribune anti-presse et je ne permets pas aussi que la télévision soit une tribune anti-imams ou autres. Comment définissez-vous le service public. Est-ce que la télévision respecte ce principe? Quand j'étais ministre, j'ai laissé sur mon bureau une loi sur l'audiovisuel. L'un des premiers articles disait que la communication audiovisuelle en Algérie est libre. Je suis un fervent militant de l'ouverture du champ audiovisuel en Algérie. Depuis que je suis à la tête de la télévision, il n'y a pas un article sur la loi de finances qui passe sans que je rappelle au gouvernement mes propositions qui sont la refondation juridique de l'entreprise, la modernisation et le professionnalisme. J'ai même rédigé des projets de cahiers des charges et des projets de lois portant création de l'Entv. Aujourd'hui, je suis ligoté par un cahier des charges qui donne à l'Exécutif le droit de passer à l'antenne le temps qu'il veut et quand il veut. Lors de son passage à l'émission «Baramidj» le président sortant a laissé entendre qu'il n'y aura pas d'ouverture du champ médiatique audiovisuel. Qu'en pense le professionnel que vous êtes? Il a dit qu'il n'y aura d'ouverture d'autres chaînes que lorsque la sécurité sera rétablie... Je pense que le président-candidat n'est pas un empereur. M.Bouteflika s'est exprimé et je pense qu'il a raison. Pour ma part, je suis confiant, comme la concorde civile nous a ramené la paix, j'estime que d'ici à deux ans au maximum, nous pourrons commencer à réfléchir sur l'ouverture de l'audiovisuel mais dans tous les cas, on ne peut espérer l'ouverture audiovisuelle aux chaînes privées que lorsque sera consolidé un véritable service public avec un cahier des charges clair, une gestion moderne et une ouverture sur la société. On ne devrait pas faire de l'audiovisuel un atout qui fait vivre les salonards et les théoriciens de gauche et de droite... Interpellé par la classe politique, Mme Toumi a répondu qu'elle ne peut, en vertu de l'actuel code de l'information, interférer dans les affaires de l'entreprise? L'Entv est gérée par le défunt Conseil de l'audiovisuel, dissous en 1993. Ses prérogatives n'ont pas été transférées au ministère de la Culture. Actuellement, la ministre de la Culture et moi-même collaborons pour essayer de développer l'entreprise. L'alternative aujourd'hui, c'est de reprendre la loi sur l'audiovisuel. Je suis contre la participation des journalistes et des représentants du gouvernement pour participer au Conseil de l'audiovisuel. Je suis pour un Conseil indépendant de la profession. Comment l'homme des médias que vous êtes, définit la liberté d'expression et le droit de dire? Toute liberté d'opinion et d'expression j'y adhère les yeux fermés. Toute utilisation de cette liberté pour tenter de l'instrumentaliser, je suis contre. Vous dites que vous croyez à la liberté d'expression. Que répondez-vous au président-candidat lorsqu'il dit que la télévision c'est moi. Acceptez-vous d'être un instrument du président? Primo, je n'ai jamais entendu M.Bouteflika dire une chose pareille et secundo, je ne suis pas un instrument, je suis un homme loyal qui respecte les instituions de l'Etat et le président incarne toutes ces institutions. Cependant, je ne pourrais jamais être ingrat envers celui qui m'a nommé à ce poste, l'ingratitude ce n'est pas mon fort.