Qui se serait douté que le Musée national d'art et traditions populaires fut un authentique palais ? Construit en 1570 par Yahia Raïs, officier de la flotte algérienne, Dar Khadaoudj El Amia (l'aveugle) ou encore Dar El Bakri, le palais sis à Souk El Djamaâ, dans ce quartier de la Casbah où se tenait le marché du vendredi, a nécessité des travaux de restauration avant de devenir un musée. Ces travaux ont été à l'origine de découvertes qui ont permis de remonter jusqu'au trésorier du dey Mohamed Ben Athmane. Ce trésorier, appelé Hassan, aurait fait l'acquisition du palais auquel il fit faire des extensions. Une belle légende est rattachée à ce palais. Elevée à la gloire de la belle princesse Khadaoudj, un jour, elle se serait regardée dans un miroir en lui renvoyant sa propre image, elle devint aveugle à cause du reflet de sa splendide beauté. Les visiteurs du musée peuvent toujours, tout en admirant les anciens tapis de Souk Ahras (1928), les sacs à grains (Tellis) de Biskra, les gandouras mozabites ou les accessoires de tentes, ces bandes tissées dont le musée possède deux sortes, le tligi et la triga et d'autres objets en céramique ou en métal, rêver au personnage fictif ou réel (les vraies légendes ont toujours un fondement historique plus ou moins vérifiable) de cette princesse merveilleuse. Mais, attention ! Les objets exposés ne doivent en aucun cas être touchés. Cela les exposerait à la dégradation. Pour les préserver d'une acidité qui colle à leurs mains, ceux qui ont la charge de déplacer ces objets tissés doivent porter des gants et les plier soigneusement. Les mêmes attentions sont prises pour les préserver de la poussière et de la chaleur qui sont autant de facteurs pouvant hâter le processus de dégradation. Car, n'oublions pas que certains tapis aux motifs animaliers datent de 1920 et 1928. C'est ce qu'ont rappelé, hier, Nacira Malek et Nazhra Lachhab dans leur exposé sur le Musée national et la mission qui lui est dévolue dans le cadre du patrimoine culturel de notre pays. Dans ce cadre justement, deux types d'activité sont développées : les activités à l'intérieur du musée, sollicitant le concours des jeunes à travers des productions personnelles en prenant pour modèles les objets exposés (dessins, tissage, etc.) et des activités extérieures, faisant appel à des expositions en dehors du musée (dans des établissements scolaires, par exemple). Mettant en application la devise que le musée doit s'ouvrir au public et doit aussi aller au devant de lui, les deux responsables du musée ont recouru à des projections de diapositives sur les pièces du musée, au centre universitaire de Bouira.