« La nature a horreur du vide », dit l'adage. Le mouvement Islah qui a disparu totalement de la scène politique locale et perdu son unique siège en 2002, revient cette fois en force en décrochant un siège avec 41 132 votants, soit 8,76% des suffrages exprimés jeudi dernier. Il se classe ainsi à la troisième position après le FLN et le MSP et surclasse même le RND, l'autre parti de l'alliance, qui a conservé certes son siége, mais avec 9 684 votants seulement. La percée inattendue d'Islah intervient, faut-il le dire, dans une conjoncture particulièrement difficile marquée par la démobilisation des citoyens, la détérioration continue de leurs conditions de vie et la défaillance manifeste des députés durant les mandats écoulés. Hormis un seul député indépendant qui a été d'ailleurs empêché de se représenter, on n'a pas vu, par exemple, des parlementaires exercer convenablement leurs prérogatives de contrôle du pouvoir exécutif ou interpeller celui-ci sur la gestion décriée de certains dossiers au niveau local. Mais, la leçon ne semble pas avoir été retenue puisque les trois partis majoritaires à l'assemblée persistent à rééditer les mêmes erreurs avec le choix contesté de certains candidats et l'éviction d'autres pour des raisons obscures. Devant cette situation, beaucoup d'électeurs parmi ceux qui ont pris le chemin des urnes, ont dû se rabattre sur les candidats de la liste indépendante et des partis hors alliance présidentielle. Après Islah, l'on cite par ordre le MJD, la liste indépendante « Amel et Moustakbal », le RPR et le FNA. Si certains d'entre eux ont pu obtenir chacun un siège, c'est grâce surtout aux choix des candidats retenus, lesquels ont été beaucoup dans la victoire de leurs formations respectives, à l'image des listes conduites par Mohamed Allag, Mohamed Gherbi et l'avocat Abdelmalek Lakhal. L'autre enseignement important à retenir de cette élection est sans conteste la plus forte abstention jamais enregistrée dans la wilaya. Les chiffres officiels parlent d'eux-mêmes : sur 557 575 électeurs inscrits, seuls 161 243 ont voté, ce qui a donné lieu à une abstention de 359 482 électeurs et 36 850 bulletins nuls. Toujours est-il qu'à travers cette abstention massive, les Chélifiens ont voulu délivrer un message clair aux autorités et aux représentants des partis : « Laissez-nous choisir librement nos représentants et cessez de mépriser le peuple et à lui tourner le dos ».