Le président de la République a procédé à la grâce de 3800 détenus à l'occasion des festivités du 50e anniversaire du 1er Novembre. Ainsi, presque 10% de la population carcérale algérienne sont concernés par ces nouvelles mesures. Mesures applicables, selon les termes d'un communiqué de la présidence de la République repris par l'agence officielle, pour les personnes détenues et non détenues condamnées définitivement. Autrement dit, ceux qui ont épuisé tous les recours, y compris au niveau de la Cour suprême. « Ces mesures entraînent soit une remise totale de la peine, soit une remise partielle avec libération immédiate de 3800 personnes », est-il précisé. Selon la même source, un régime de faveur est prévu au profit des moudjahidine, des enfants de chahid, des mineurs, des femmes et des personnes âgées de plus de 65 ans dans le cadre des remises de peine partielles. La grâce ne concerne pas les personnes condamnées dans des affaires de grande criminalité. Il s'agit des actes de terrorisme ou de subversion, d'atteinte à la sûreté de l'Etat, de meurtre, d'empoisonnement, de violence sur ascendant, de viol, d'attentat à la pudeur avec violence, d'inceste, de détournement de deniers publics ou privés, de corruption, de trafic d'influence, de fausse monnaie, de vol, d'incendie volontaire, d'infractions relatives aux stupéfiants, de contrebande ainsi que d'actes de violence et d'atteinte aux biens commis à l'intérieur d'un établissement pénitentiaire. La grâce présidentielle, autorisée par l'article 77 de la Constitution de 1996, est le dernier recours pour les prisonniers. Durant son premier mandat présidentiel, Bouteflika a pris plusieurs mesures de grâce. Depuis 2000, 39 395 détenus ont été graciés. Cela permet de « décharger » les prisons. Le recours abusif par les magistrats instructeurs et les procureurs à la détention provisoire est souvent à l'origine de « surcharge » dans les établissements pénitentiaires. Et cela provoque, parfois, des mutineries et des grèves. Dernier acte en date, la grève de la faim, début août 2004, de détenus à Serkadji, une prison qui ne répond plus aux normes humanitaires et aux standards internationaux de détention. Les autorités avaient, pour rappel, décidé de fermer cette prison après les célèbres mutineries du printemps 2002. Rien n'a été fait à ce jour. Sauf que le gouvernement a annoncé la construction de nouvelles prisons (l'Algérie compte actuellement 127 pénitenciers). Récemment, un mouvement de déplacement et de promotion de directeurs de maisons carcérales a été fait par le ministère de la Justice. En juillet 2004, un Conseil des ministres a examiné l'avant-projet de loi sur le code de l'organisation pénitentiaire et de la réinsertion sociale des détenus. Cette idée a été formulée afin de faire des pénitenciers des « institutions sociales capables réellement de contribuer à la réadaptation des détenus ».