A partir de ce début de semaine, les 3800 détenus graciés par le président de la République commenceront à quitter leur prison. Cette mesure humanitaire permet à chaque fois de réduire le nombre de la population carcérale, jugé très important par rapport aux capacités d'accueil. Cette population est passée de 35 186 en 2000 à 38 550 en 2001, pour atteindre 35 151 en l'an 2002. Vers le début de l'année 2000, les 127 établissements pénitentiaires comptaient 48 040 prisonniers. La plus grande proportion de ces détenus est concentrée dans les établissements pénitentiaires de l'ouest et de l'est du pays. De nombreuses ONG des droits de l'homme n'ont cessé de dénoncer les mauvaises conditions d'incarcération, et surtout la surpopulation, principale cause de cette situation. Les prisonniers sont souvent entassés à plus d'une centaine dans des salles exiguës prévues pour un maximum d'une vingtaine de personnes. Les lourds bilans des nombreuses mutineries (plus d'une cinquantaine de morts et autant de blessés) ayant secoué de nombreuses prisons à travers le pays, dont celles de Coudiat, à Constantine, et de Serkadji, à Alger, ont levé le voile sur la situation inhumaine vécue par les détenus, et ce, dans l'ensemble des établissements pénitentiaires. Un constat qui a poussé les autorités, notamment le ministre de la Justice de l'époque, Ahmed Ouyahia, à reconnaître « les mauvaises » conditions de détention dues, a-t-il dit, essentiellement à la vétusté des prisons, à l'évolution de la situation politique du pays, notamment le terrorisme et la prolifération de la criminalité, et au recours systématique des juges à la détention préventive. La Commission nationale de réforme de la justice, dirigée par Mohamed Issad, avait recommandé une profonde refonte du système pénitentiaire, avec notamment la construction de structures modernes qui répondent aux standards internationaux. Un projet de loi portant sur la réorganisation pénitentiaire et la réinsertion des détenus a été adopté en Conseil de gouvernement et attend d'être mis sur le bureau de l'Assemblée nationale, après son endossement par le Conseil des ministres. Parallèlement à cette réforme qui tarde à voir le jour, l'année 2000 a été marquée par deux mesures de grâce. La première, décrétée le 5 juillet, a touché 6520 détenus condamnés pour avoir aidé ou soutenu des groupes terroristes. La deuxième mesure a coïncidé avec les festivités du 1er Novembre, anniversaire du déclenchement de la Révolution nationale et permis à 6334 détenus du droit commun de réintégrer leurs foyers. En 2001, le Président a signé une seule mesure de grâce en novembre 200 au profit de 10 932 prisonniers de droit commun. Avant cette mesure, le nombre de prisonniers était de 49 482. Marquée par les émeutes qui ont secoué le pays, l'année 2002 a connu une hausse considérable de la population carcérale pour atteindre les 50 760. Trois mesures de grâce ont été signées par le Président aux mois de mai, août et décembre en faveur de 15 609 prisonniers. La première a touché 11 175 détenus, la seconde 64 seulement et la troisième a concerné 4370 autres. Cette année, 3800 détenus ont bénéficié d'une mesure de grâce à l'occasion du 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution, soit près de 10% de la population carcérale. Il s'agit surtout des auteurs (primaires) de délits de droit commun. Pour la première fois, les auteurs de détournement de biens privés sont exclus de la mesure de grâce.