Ousmane NDiaye, représentant régional pour l'Afrique à l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), nous livre ses analyses sur la marge de progression du tourisme mondial et son point de vue sur le tourisme algérien. Le désert est en passe de devenir un pôle touristique important. Partagez-vous cette affirmation ? C'est en effet un produit assez nouveau et qui vient changer la “monotonie” qui existait devenant une niche où on pratique une forme de tourisme toute à fait particulière : c'est ce qui fait son attrait. L'Algérie est un pays qui a l'avantage d'être extrêmement grand avec un désert très varié. Le visiteur trouve des déserts sablonneux et d'autres qui sont tout à fait différents avec des pierres et des roches. Mais un problème délicat se pose relatif à de conservation de la fragilité de l'écosystème. Je pense que l'Algérie a une chance de développer le tourisme d'une façon assez responsable, en respectant les principes de la durabilité. De cette manière, le tourisme pourra être un plus pour l'économie du pays. Comment vous voyez l'évolution du tourisme algérien en général ? Il faudrait le situer dans un contexte particulier : l'Algérie a eu un moment donné à souffrir d'une perception d'image qui n'était pas favorable pour le développement du tourisme. Cette situation n'est pas propre à l'Algérie. Beaucoup de pays ont fait face aux mêmes difficultés. Les médias ont un peu donné une dimension qui n'est pas la vraie, ce qui a constitué un frein au développement de l'Algérie en matière de tourisme. Cependant, nous constatons de plus en plus que l'Etat s'engage davantage. Il y a une volonté politique qui se confirme. C'est le grand point de départ. Des mesures ont commencé à être mise au point pour favoriser le décollage du secteur notamment dans le cadre de la promotion de l'investissement. Quel est l'apport de l'OMT et les domaines de coopération prioritaires ? Avec les jalons qui sont posés au niveau du ministère et par le gouvernement d'une manière général, la porte est ouverte pour une coopération dynamique avec l'Algérie. C'est un pays membre de l'OMT assez dynamique. Il a organisé récemment et avec succès le conseil exécutif de l'OMT qui est l'un des organes le plus important après l'Assemblée Générale. L'Algérie travaille avec l'OMT en partenariat et de façon concrète, je peux dire que dans le domaine de la coopération technique, nous avons initié des axes : une réflexion a été conduite dans le domaine de l'aménagement des sites (élaboration d'un plan directeur), la constitution d'une banque de données dont la finalité est de mettre en place un système d'information et de statistiques qui pourra permettre au gouvernement de mettre en place les procédures recommandées par l'OMT pour une mesure plus réelle du flux et des retombées touristiques et cela conduira plus tard à la mise en place d'un compte satellite qui permet au gouvernement d'avoir une mesure réel de l'impact du tourisme sur l'économie. Un autre axe est au programme : développement des ressources humaines et formation. Le gouvernement est conscient de l'importance de la formation, quand on parle de tourisme, on sait parfaitement qu'il s'agit de services assurés par des hommes. Il faudrait tout faire pour avoir une qualité, c'est ce qui fait la différence entre les destinations. Nous allons envoyer très prochainement une mission sur le terrain pour faire l'audit des centres de formation dans le but de voir si l'enseignement est conforme aux normes internationales. Quelles sont les grandes tendances touristiques dans le monde ? Le tourisme est l'un des secteurs dont l'évolution a été la plus rapide durant les 20 dernières années. En 1950, on a recensé 25 millions d'arrivées de touristes, on est à 842 millions d'arrivées, soit une croissance de 4,5%. C'est l'un des phénomènes qui a bouleversé l'économie mondiale. Les touristes ont dépensé 642 milliards de dollars (recettes touristiques). L'OMT tente de faire en sorte que les retombées puissent bénéficier davantage aux pays les moins avancés dont l'Afrique. Nous avons mis en place des programmes dont le programme STEP (tourisme durable pour l'élimination de la pauvreté) et lancé des projets de développement communautaire vers des zones déshéritées. La route des ksour est une opportunité dans le sens où il s'agit de faire revivre des traditions en matière d'habitat et développer une forme de tourisme chez l'habitant en aidant les communautés locales à s'organiser et gérer elle même ces ksours. Les retombées auront un impact réel sur la vie de la population.