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Tierno Monenembo. Son œuvre
Peul exilé : pléonasme
Publié dans El Watan le 24 - 05 - 2007

L'homme est affable, d'une élégante courtoisie. A peine plisse-t-il les yeux lorsqu'il cherche à donner sens à une question surprenante. Il entre alors volontiers dans des explications qu'il déploie avec passion et conviction.
Tierno Monenembo, invité d'honneur en avril dernier du colloque organisé au Centre universitaire de Tamanrasset, puis des rencontres africaines tenues au CCF d'Alger, a séduit le public par sa gentillesse et sa disponibilité. De son vrai nom Thierno Saidou Diallo, né en juillet 1947 à Porédaka en Guinée, cet universitaire se destinait tout d'abord à l'enseignement de la biochimie. Il prit le pseudonyme de Monenembo en hommage à celle qui compta beaucoup dans sa vie : sa grand-mère qui le recueillit après le divorce de ses parents. Il la nommait Néné Mbo et se désigna ainsi lui-même comme le fils de Néné M'bo. Il lui dédiera son premier roman en l'associant à la Guinée, cette petite terre qui lui a donné le jour… et la nuit. Les Crapauds-brousse (Seuil, 1979) et Les Ecailles du ciel (Seuil, 1986) marquent son entrée en littérature. Ces titres sont surprenants pour des lecteurs ignorants de la culture peule. Ce sont des romans contemporains, modernes, mais écrits « sous l'aune de la sagesse des anciens », selon l'auteur. Dans ces deux textes, l'univers décrit est tourmenté et instable, conforme à la situation des pays africains à l'époque. Monenembo a vécu cette détresse et ces arrachements. En 1969, comme trois millions de ses compatriotes, il fuit la dictature de Sékou Touré et parcourt à pied 150 km pour rejoindre le Sénégal. Il s'inscrit en médecine à Dakar puis rejoint Abidjan pour faire des études de biochimie. Puis c'est l'Algérie, le Maroc, Lyon. L'errance est au cœur de la vie de ce Peul comme au cœur de ses œuvres. Errance de l'écriture, errance de l'inspiration ancrée dans des lieux divers, au hasard des rencontres. Son premier roman écrit nuitamment pour ne pas se faire remarquer par les camarades du parti dans lequel il milite (comment se commettre avec un roman « bourgeois » lorsque l'on se réclame de Mao ?) est assez schématique dans la description des personnages. Entre le premier et le deuxième romans, six ans s'écoulent. Entre-temps, la situation des pays africains empire et l'écrivain réalise que « la politique n'est qu'une fumisterie et que l'avenir est dans le roman » auquel il décide de se consacrer à partir de 1990, malgré les aléas du quotidien*. En 1991 paraît Un Rêve utile qui a pour décor la ville de Lyon. Là, vit une « africanaille » qui préfère la précarité de l'exil et des conditions de vie souvent hasardeuses, au retour dans un pays en proie aux persécutions et aux exactions. Le protagoniste du roman, fils de ministre d'un pays africain nommé « Gui… » est envoyé par son père en Europe, puis en Amérique, et enfin à Moscou pour étudier la criminologie. Il revient à Lyon où il continue de se lamenter sur l'exil. Pelourinho (Seuil, 1995) est, de l'aveu de l'auteur, son roman préféré. Le cadre se situe au Brésil où a séjourné Monenembo pour écrire son texte. Le protagoniste africain, Escritore, part au Brésil pour retrouver ses cousins mais, malgré ses efforts, il reste toujours un étranger à leurs yeux. On retrouve les thèmes chers à l'auteur : errance, exil, parcours vains dans le monde à la recherche d'une identité que l'on croit perdue mais que ces pérégrinations finissent par conduire vers lui-même. Cinéma (Seuil,1997) est le sixième roman de l'auteur. C'est un texte en partie autobiographique qui raconte la désillusion d'une génération sacrifiée, dans une petite ville de Guinée. L'Aîné des orphelins (Seuil, 2000) répond à une demande, celle d'écrire pour conjurer l'oubli pour que plus jamais des massacres comme celui du Rwanda en 1994 ne soient perpétrés. Une dizaine d'auteurs africains en résidence d'écriture doivent produire un texte sur le génocide. Cette rencontre est initiée par Fest'Africa, du Tchadien Nocky Djedanoum. Tous les textes seront publiés mais ceux de Boubacar Boris Diop et de Tierno Monenembo seront les plus appréciés. L'Aîné des orphelins est le récit d'une détresse et d'un destin chaotique. Faustin Nsenghimana, né d'un père hutu et d'une mère tutsi, perd ses parents qui sont massacrés. Il deviendra assassin pour défendre ses sœurs et sera condamné à mort. On trouve dans ce roman la plus hallucinante description de la souffrance des enfants pris au piège dans des conflits qui les broient sans pitié. Dans beaucoup de romans africains, les enfants apparaissent comme des victimes fragiles, exposées aux fluctuations des régimes, et surtout à la malhonnêteté des adultes. Tierno Monenembo lui aussi leur accorde une place importante. Dans l'ensemble de son œuvre, Tierno Monenembo décrit un monde hostile et menaçant pour des enfants qui tentent de survivre dans des conditions épouvantables. Le dernier roman publié Peuls (Seuil, 2004) raconte l'épopée de ce peuple, énigmatique fleuve blanc au pays des eaux noires, fleuve noir au pays des eaux blanches, selon le proverbe bambara. Quête d'identité de celui qui, croyant tout connaître de son peuple, mit pourtant huit ans à rassembler sa documentation et travailla au Niger dans un centre de culture orale. Le narrateur est un Sérère, cousin à plaisanterie du Peul (c'est-à-dire lié par des relations d'amitié et d'ironie), ce qui donne un ton particulier au récit. Ces relations fréquentes dans toute l'Afrique de l'Ouest sont, selon l'auteur, un moyen d'exorciser « les identités meurtrières ». Dans ce texte, les destins des personnages sont liés inexorablement à l'histoire de ce peuple de nomades qui tirent leur force de leur flexibilité et de leur éparpillement. Finalement, nous dit l'auteur, un Peul exilé est un pléonasme. L'exil que connaît l'auteur l'aura nourri d'histoires variées, nées ici et là. Naître, espérer, mourir, recommencer (…), mourir espérer, recommencer, naître, dit le cousin Samba, dans Les Ecailles du ciel. C'est le lot de l'écrivain, une quête éternelle, un incessant recommencement, dans ses histoires et dans son inspiration. Et malgré les chagrins, une extraordinaire source de vitalité. Monenembo reconnaît que l'exil est le lieu privilégié de l'écriture car il est à la fois distance et souffrance. Conakry, Abidjan, Kigali, Alger, Lyon, Bahia, Caen… la vie s'égrène au gré des escales et le romancier voit surgir dans son esprit un projet, une idée. Et pour le futur ? Un roman en cours de publication : un Français crée un royaume en Afrique. Comme toujours, c'est le hasard qui a mené l'auteur à rencontrer le descendant de ce roi pas comme les autres, qui acheta des terres pour en faire un royaume. D'autres lieux, d'autres destins, nous ne nous lassons pas d'écouter ce conteur….
* Entretien avec Boniface Mongo Mboussa in L'Indocilité supplément au Désir D'Afrique, Continents noirs, Gallimard, 2005, pp 117-122.


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