L'Algérie est un pays particulier. Il suffit de discuter un peu à droite et à gauche pour s'apercevoir qu'un nombre impressionnant d'Algériens ont un problème avec la justice. Pour un logement, un voisin, un bout de terrain, un coup de couteau, un coup de main ou un coup du sort. Est-ce la justice qui fait trop bien son travail ou les Algériens qui sont trop peu respectueux des légalités ? Est-ce la justice qui a la main lourde et coécrit avec les autres forces publiques le grand livre du quadrillage des citoyens par la répression ? Les nombreuses prisons du pays débordent et le ministre de la Justice, au lieu de s'attaquer à l'injustice structurelle de la justice, a promis de construire de nouvelles cellules. A ce titre, le dernier rapport de Transparency International est très clair. La corruption de la justice, explique l'ONG, « affecte le commerce, la croissance économique et le développement d'un pays, mais surtout prive les citoyens d'un règlement impartial des conflits qui les opposent à leurs voisins ou aux autorités ». Bien sûr, tout le monde le sait ici, à commencer par la justice elle-même, qui aime à juger les citoyens et ne touche jamais aux gradés ou aux ministres, et s'il lui arrive de juger un jour un wali, c'est qu'on le lui a demandé plus haut. Prompt à s'autosaisir envers un passant, un journaliste ou un émeutier, le parquet s'oublie sur des affaires de corruption étalées sur la voie publique et impliquant des personnalités du régime, en feignant de ne rien voir de ces fortunes acquises par des accointances avec l'Etat, car le système sait se protéger : si ces corrompus notoires occupent des postes officiels, il n'est pas possible de donner leurs noms ici sous peine d'être poursuivis. En justice. La question n'est pas la trop forte présence de corrompus dans les structures de l'Etat. C'est sur la nature de ceux qui les nomment.