Les relations entre les Etats-Unis et l'Iran se sont encore tendues ces derniers jours. Dimanche, Téhéran a accusé Washington d'avoir organisé des réseaux d'espions chargés de mener des « sabotages » dans ses régions frontalières sensibles de l'ouest, du sud-ouest et du centre. des réseaux ont été identifiés et démantelés selon le ministère des Affaires étrangères iranien. L'Iran a déjà accusé par le passé les forces d'occupation américaines et britanniques en Irak, de soutenir notamment des responsables d'attaques à la bombe dans la province du Khouzestan (sud-ouest). Quelques jours plus tôt, la Maison-Blanche avait rejeté l'idée d'un échange de cinq Iraniens détenus en Irak contre des Irano-américains détenus en Iran. La chaîne de télévision américaine ABC a annoncé, pour sa part, que le président américain, George Bush, a signé l'ordre autorisant la CIA à lancer un plan d'action, supervisé par Eliott Abrams, un radical néoconservateur, numéro 2 du Conseil national de sécurité, visant à déstabiliser l'Iran, en combinant désinformation, actions clandestines, et attaques contre la devise et les intérêts iraniens. Bush a signé un « nonlethal finding », soit un document officiel permettant de mener des opérations secrètes sans homicides, qui autorise la CIA à mettre en œuvre un plan prévoyant une campagne de désinformation, de manipulations contre la devise iranienne et les intérêts financiers internationaux du pays. Selon les membres de la communauté du renseignement, cette décision signifie que Bush a décidé de ne pas engager d'action militaire contre l'Iran. « Tout le monde dans la région sait qu'il y a une guerre par procuration dans laquelle les USA soutiennent les éléments anti-iraniens et les groupes d'opposition en Iran », déclare Vali Nasr, du Council on Foreign Relations, « et ces actions clandestines sont désormais amplifiées par cette nouvelle décision, qui pourrait rapidement amener des représailles iraniennes, ouvrant la voie à une escalade ». Le plan d'action de la CIA contre l'Iran a été approuvé par Eliott Abrams, déclare une source travaillant au renseignement, qui mentionne également Steve Hadley, un conseiller pour la Sécurité nationale, parmi les membres de l'administration concernée. Eliott Abrams est un habitué des « coups tordus ». Il a fait partie des organisateurs du plan Iran-Contra, une opération menée dans la plus parfaite illégalité par quelques membres de l'administration américaine et qui visait à renverser le gouvernement sandiniste du Nicaragua. Jugé pour ces faits en 1991, il a été amnistié par le président Bush père. Les USA seraient d'ores et déjà impliqués dans le soutien au groupe terroriste Jundallah, qui est l'auteur d'attentats en Iran. Les officiels américains démentent « financer directement » ce groupe, mais reconnaissent avoir des contacts réguliers avec son dirigeant. Des sources, appartenant aux services de renseignement, affirment que Jundallah a reçu des armes et de l'argent, via les services secrets de l'Afghanistan et du Pakistan. La TV iranienne a annoncé dimanche dernier, la capture de dix hommes qui franchissaient la frontière, portant sur eux 500 000 dollars, ainsi que des cartes de « zones sensibles » et du « matériel d'espionnage moderne ». Un membre des services pakistanais a déclaré à ABC qu'il s'agissait de membres du groupe Jundallah, et affirmé que ce groupe avait recruté et entraîné des « centaines d'hommes » à la frontière iranienne, pour mener des « missions de nature inconnue ». D'autre part, le « groupe politique-opération Syrie/Iran » vient d'être dissous par le Département d'Etat. En mars 2006, et regroupant dix responsables de la Maison- Blanche, du Département d'Etat, de celui de la Défense ainsi que de la communauté des services secrets qui se réunissaient une fois par semaine pour coordonner les empêchements à l'Iran d'obtenir des financements de l'étranger. Ce groupe était également chargé d'organiser des ventes de matériels militaires aux pays voisins d'Iran et de soutenir l'opposition iranienne. Selon la chaîne de télévision américaine CBS, cette dissolution répond au souci américain d'explorer de nouvelles méthodes pour saboter le programme nucléaire iranien dont l'éventualité de faire acheter à l'Iran — à travers le marché noir — des équipements « modifiés » et nocifs.