Sorbonne ? Cela évoque Paris et sa célèbre université. Désormais, cela peut également concerner Abu Dhabi aux Emirats arabes unis. Depuis octobre 2006, un campus est ouvert dans le pays le plus dynamique de la région du Golfe. Il se veut « un pont entre les civilisations ». « C'est une grande aventure qui commence (...) Nous contribuerons ensemble à faire reculer les menaces d'un choc de civilisations qui mettent en péril la paix du monde. On ne peut admettre que les rapports entre les sociétés soient uniquement fondés sur les oppositions de richesse, de systèmes politiques, des choix culturels », écrit Jean Robert Pitte, président de l'université Paris-Sorbonne, dans le guide de l'étudiant. Selon Seloua Joubert, responsable du service de la vie étudiante, dix Algériens sont déjà inscrits à cette nouvelle université. « Ils ont appris notre existence grâce à des publicités diffusées par CNN, Al Jazeera et Euronews. Nous avons déjà des étudiants de 26 nationalités différentes. L'enseignement est dispensé en français. Dans certaines filières, il y a recours à l'arabe et à l'anglais », précise-t-elle. Pour ceux qui ne maîtrisent pas bien la langue de Molière, des cours intensifs sont offerts. « L'enseignement est identique à celui dispensé à Paris, d'où vient une bonne partie des professeurs et maîtres de conférence. Les diplômes qui sont délivrés sont reconnus sur le plan international », indique, pour sa part, Eisa Alraeesi, responsable des relations extérieures, en visite à Alger. L'université assure des formations de licence (qui s'obtient en trois ans) en archéologie et histoire de l'art, en droit et sciences politiques, en géographie et aménagement, en histoire, en langues et affaires, en lettres modernes, en philosophie, en musique et musicologie et en information et communication. Des masters en marketing, management et communication ainsi qu'aménagement et urbanisme sont prévus. Seloua Joubert précise que l'adoption par l'Algérie du système LMD (licence, master, doctorat) a beaucoup facilité les choses. « On peut valider les heures de cours faites en Algérie pour un étudiant qui veut continuer sa formation chez nous », indique-t-elle. Les demandes d'information et les inscriptions peuvent se faire sur le site internet du campus (www.paris-sorbonne-abudhabi.ae). En fonction des résultats scolaires, des bourses sont acceptées. « La demande de bourse doit être accompagnée d'une lettre de motivation, des relevés de notes et de deux lettres de recommandation. La bourse ne couvre pas les frais de logement », note Seloua Joubert. Les coûts des études sont estimés à 15 000 euros par an englobant les frais de visas, d'hébergement, l'assurance médicale, etc. Le payement peut être échelonné sur l'année. « Il n'existe pas d'université gratuite aux Emirats arabes unis », indique Eissa Alraeesi. Les frais ne sont-ils pas trop élevés ? « Non. Il y a des familles qui sont disposées à payer de bonnes études pour leurs enfants », estime Seloua Joubert. La Sorbonne Abu Dhabi, qui est l'unique extension de l'université française dans le monde arabe, aspire à attirer au moins 2500 étudiants. « Nos capacités d'accueil sont énormes », précise Eissa Alraeesi, un Emirati qui a étudié à Paris. Le prince héritier Mohamed Ben Zayed Al Nahyan a pesé de tout son poids pour ouvrir une antenne de la Sorbonne dans son pays. Le campus sera installé dans un bâtiment ultramoderne dont le design sera une réplique du dôme de la Chapelle parisienne, symbole de l'université, parmi les plus anciennes d'Europe, célèbre pour « l'enseignement des humanités ». La Sorbonne existe depuis 1257. Elle fut créée par le confesseur du roi Louis IX, Robert de Sorbon. Elle fut reconstruite par Richelieu, ministre-conseiller du roi Louis XIII, en 1626. Abu Dhabi est le plus vaste des sept émirats qui composent le pays de Khalifa Ben Zayed Al Nahyan. Le gouvernement et les représentations diplomatiques sont installés dans cette ville moderne, devenue un grand centre d'affaires.