Cette quatrième session ordinaire de la Commission africaine des services de renseignements et de sécurité (CISSA), qui se déroule à Khartoum (Soudan), se fixe comme principaux objectifs de « produire, analyser et distribuer des informations typiquement africaines. » Khartoum (Soudan). De notre envoyé spécial La communauté africaine du renseignement est en réunion à Khartoum au Soudan depuis début juin. La quatrième session ordinaire de la Commission africaine des services de renseignements et de sécurité (CISSA) sera officiellement ouverte aujourd'hui, mercredi, en début de soirée par le président soudanais Omar Al Bachir. Avant, les délégations, représentant 41 pays africains, dont l'Algérie, feront des visites à Juba, la capitale du sud du Soudan, et à Al Fachr, la principale ville du Darfour. La crise du Darfour, qui est perçue d'une manière différente en Afrique, sera abordée lors de la session de la CISSA, mais pas forcément sous l'angle politique. Lors d'une conférence de presse (la première du genre), animée lundi au Forum de l'agence de presse soudanaise Suna à Khartoum, Dinis Dalumni, secrétaire exécutif de la CISSA, a précisé que tout ce qui menace la sécurité de l'Afrique sera analysé. « Nous abordons toutes les questions loin de toute interférence politique. Tous les aspects seront étudiés d'une manière globale. Nous ne focalisons pas sur la sécurité des régimes. Cela dit, nous travaillons avec des autorités reconnues qui ont la légitimité des urnes », a-t-il dit. Le respect des droits humains et la lutte contre toute forme de génocide sont également inclus dans le cahier de charges de la CISSA, dont le siège est à Addis Abeba en Ethiopie. La CISSA, qui travaille en collaboration avec l'Union africaine (UA) et qui veut sortir du concept étroit de la « sécurité », est en charge, également, de la protection des minorités. Des minorités menacées ou sous pression dans certains pays africains. Le général Mouatassim Abdelkader Hassan, qui a assisté à la conférence de presse, a insisté pour dire que le Soudan est parmi les pays fondateurs de la CISSA, dont la création remonte à 2004 à Abuja au Nigeria. Cet officier supérieur des services secrets soudanais (qui ne craint pas de se montrer en public) a précisé que l'un des objectifs centraux de la CISSA est « de produire, d'analyser et de distribuer des informations typiquement africaines ». Manière de suggérer que la CISSA aspire à casser le monopole sur le renseignement exercé par des agences telles que la CIA, le Mossad, le MI6 ou le FSB (ex-KGB). Le « canal de communication » « Toute analyse doit se baser sur des données originales », a-t-il indiqué. Dinis Dalumni a indiqué que la CISSA fournit des éléments d'information au Conseil de paix et de sécurité africain pour prévenir les conflits et éviter les confrontations. « Nous pouvons être un canal de communication entre les services secrets en cas de conflits entre pays », a-t-il ajouté. Actuellement sont réunis à Addis Abeba, les ministres en charge de la question des frontières, à l'origine de différends et parfois d'hostilité entre pays. L'UA aspire à délimiter les frontières qui ne l'ont pas encore été aux fins d'assécher les sources de problèmes, exploitables par les architectes de l'instabilité en Afrique. Entre le Tchad, frontalier du Darfour à l'ouest, et le Soudan, le litige n'est toujours pas réglé. Le général Mouatassim Abdelkader Hassan a estimé que chaque pays doit prendre en charge la problématique des frontières. Il a évité d'aborder la question du passage des rebelles du Tchad vers le Soudan. Les deux pays cherchent, grâce à une certaine médiation libyenne, à ouvrir un dialogue et à régler un litige lié, entre autres, à la présence de réfugiés du Darfour aux frontières avec le Tchad. Une visite du président tchadien, Iddris Deby, est attendue ici à Khartoum dans la mesure où cela peut faire avancer les efforts en vue d'un règlement durable de la crise du Darfour. Selon Nafaa Ali Nafaa, conseiller du président soudanais, Omar El Bachir, et numéro deux du Parti du Congrès national (NPC, parti au pouvoir), les services secrets sont les seuls à connaître la vérité des choses sur le terrain, notamment au Darfour. « Ils possèdent les véritables informations, pas comme celles de l'Occident qui tendent à amplifier les choses et à manipuler les faits », a-t-il déclaré, hier, lors d'une rencontre avec la presse étrangère, au siège du NPC à Khartoum. La CISSA, qui veut renforcer la confiance entre les différents services de renseignements en Afrique, étudie toujours la faisabilité d'étendre la coopération aux autres services secrets à travers le monde. Financée par les 46 pays membres, la CISSA reçoit un grand soutien logistique de l'Afrique du Sud et œuvre pour se doter de structures autonomes de gestion. Mis à part le Maroc, tous les pays de l'Afrique du Nord sont membres de la CISSA.