Neuf pays africains boudent la CISSA pour des raisons différentes, parmi eux le Maroc qui n'est pas membre de l'UA. Khartoum (Soudan). De notre envoyé spécial Le nouveau président de la CISSA, le lieutenant général Salah Abdallah Gosh, patron des services secret soudanais (NISS), a appelé tous les pays à respecter leurs engagements vis-à-vis de ce comité. Même s'il ne l'a pas dit, il s'agit surtout d'engagements financiers. Aucune indication n'a été fournie sur la contribution matérielle des pays à la CISSA qui, à Khartoum, s'est essayé partiellement à l'épreuve de la transparence. Les dossiers de la création d'un centre d'alerte et de prévention de conflits, de la lutte contre le terrorisme, du crime organisé et du mercenariat ont été abordés lors des travaux à huis clos de la CISSA. La situation en Côte d'Ivoire, en Somalie et au Darfour soudanais a également été discutée. La CISSA aura à faire des propositions à l'Union africaine (UA) sur ces dossiers. La pratique de la CISSA, qui agglomère les services secrets africains, est de ne pas se positionner sur le plan politique, mais de privilégier l'approche opérationnelle. Aussi, la CISSA s'est engagée, à travers le partage de renseignements (Intelligence Sharing), à aider Khartoum à trouver un terrain pour des négociations de paix avec les factions armées au Darfour. Et ce n'est pas par hasard que Meni Arko Manaoui, chef de l'autorité de transition au Darfour, conseiller du président Omar Al Bashir et signataire de l'accord de paix d'Abuja, a été invité à prononcer une allocution à la fin des travaux de la CISSA. « J'appelle d'ici tous ceux qui ont refusé l'accord d'Abuja de nous rejoindre et d'accepter l'offre de paix. Cela va dans l'intérêt de l'ensemble du Soudan et du Darfour en particulier », a-t-il lancé. Manaoui a dit soutenir les efforts de l'UA pour renforcer le processus de paix au Darfour. « Le Darfour n'est pas ce que racontent les médias occidentaux » Salah Abdallah Gosh a déclaré, à la fin des travaux et lors d'une conférence de presse, que la CIA, la centrale de renseignements américaine, est bien informée sur la situation dans la province de l'Ouest soudanais. « La CIA sait parfaitement et correctement tout ce qui se passe sur le terrain au Darfour. Elle connaît les vérités. Ce qui se dit aux Etats-Unis à propos de Darfour relève du dialogue politique entre les démocrates et les républicains. Et nous souffrons de cette politisation », a-t-il déclaré, soulignant que la vérité au Darfour n'est pas celle racontée par les médias occidentaux. A propos de la lutte contre le terrorisme, des ateliers vont être organisés pour « unifier » au niveau africain les approches et les concepts sur ce phénomène. A une question de savoir si la CISSA collabore avec les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme, Salah Abdallah Gosh a précisé que la coordination se fait avec toutes les organisations qui « croient » en la nécessité de lutter contre le phénomène. Des services secrets européens et américains ont été invités à assister à l'ouverture des travaux de la CISSA. Lors de cette ouverture, qui s'est faite après lecture de versets coraniques et prêche catholique, le vice-président soudanais, Ali Othmane Taha, a insisté que son pays a signé quatre accords de paix et de stabilité : Abuja, Asmara, avec la rébellion de l'Est, Nifacha, qui a mis fin à la guerre civile au Sud, et Le Caire, qui a rapproché le gouvernement de l'opposition. « C'est la preuve que le Soudan ne recule devant rien pour donner sa chance à la paix et qu'il peut le faire sans dictée extérieure. Nous faisons appel aux pays donateurs pour nous aider à renforcer le processus de paix et à soutenir le développement. Sans développement, il n'y a pas de sécurité. Et sans sécurité, point de développement », a-t-il déclaré. Il a annoncé que le Soudan fera davantage d'efforts pour que le Darfour retrouve sa stabilité. La solution politique pacifique est, selon Salah Abdallah Gosh, le seul moyen de régler la crise du Darfour et pour le retour des réfugiés dans leurs villages. Othmane Taha a appelé les pays africains à concentrer leurs efforts, à travers l'outil du renseignement, pour prévenir les tentatives de pillage des richesses du continent. L'Algérie, qui a assisté à la première réunion de création de la CISSA à Abuja, au Nigeria, sans se prévaloir du statut de membre fondateur, est favorable pour le renforcement de cet instrument de l'UA pour prévenir les conflits et mieux maîtriser l'information sur les facteurs de déstabilisation pas forcément politiques. Le comité est perçu par les Algériens comme un espace de rencontre et de compréhension entre les différents services de renseignements du continent. La future session de la CISSA, qui est installée à Addis Abeba, aura lieu en juin 2008 en Afrique du Sud.