La forte tension qui règne sur la bande de Ghaza suite aux affrontements interpalestiniens, s'est concrétisée, jeudi, à Rafah au sud de ce territoire, par la mort d'un militant du Fatah par les mains de militants du Hamas, qui ont attaqué son domicile aux tirs de pistolets mitrailleurs, de grenades et de roquettes antichars. L'attaque a fait 12 blessés, des membres de la famille du militant assassiné et des voisins. Il s'agit de la première victime d'affrontements entre les deux mouvements palestiniens depuis plus de deux semaines et un cessez-le-feu fragile décrété par les deux parties, qui étaient en négociations au Caire jusqu'à mercredi. Au total, plus de 50 Palestiniens ont trouvé la mort dans les nouvelles violences qui ont éclaté en mai entre le Fatah et le Hamas, les deux principaux rivaux sur la scène palestinienne. Les affrontements se sont poursuivis durant toute la journée, ce qui a créé une atmosphère explosive à Rafah, où plusieurs maisons de responsables des deux camps ont été attaquées. Des barrages, montés par des hommes armés des deux camps, ont presque bloqué la circulation dans la ville qui a paru, de longues heures durant, vivre sous le couvre-feu. Des hommes armés ont aussi pris position sur le toit des bâtiments élevés, dans ce qui est connu actuellement par « la guerre des tours ». Des sources médicales ont précisé qu'au moins 17 personnes avaient été blessées depuis le début des affrontements le matin. La tension et les affrontements de Rafah se sont très vite propagés à Ghaza où les incidents de moindre importance que ceux d'avant la conclusion du dernier cessez-le-feu n'ont réellement jamais cessé. Les hommes des deux camps sont en état d'alerte continue. Nombreux sont ceux qui n'ont pas regagné leur foyer de peur d'être enlevés. Malgré le cessez-le-feu officiel signé à Ghaza sous les auspices de la délégation sécuritaire égyptienne, plusieurs cas d'enlèvements de militants des deux camps ont été signalés au cours des deux dernières semaines. Malheureusement, presque dans la totalité des cas, ces enlèvements finissent mal. Torture barbare, graves blessures par coups de feu dans les membres inférieurs, les genoux principalement, sont les sévices appliqués, sans aucune pitié, par les ravisseurs ; chaque camp accuse l'autre d'être à l'origine des troubles. Il faut dire que jusqu'à maintenant la réconciliation entre les deux mouvements palestiniens semble plutôt lointaine car, sur le terrain, les paroles de bonne volonté, exprimées par les responsables des deux camps, ne sont jamais traduites que par plus d'incidents et plus d'effusion de sang. Selon des sources palestiniennes, la délégation sécuritaire égyptienne aurait réussi à freiner la dégringolade de la situation. Les affrontements ont cessé. Hier, à Rafah et à Ghaza, on n'entendait pas de coups de feu. Est-ce pour longtemps ?