Décédé dimanche dernier dans un hôpital de Créteil, en région parisienne, le caricaturiste Sid-Ali Melouah a été enterré hier au cimetière de Ben Aknoun, sous un figuier imposant qui rappelle son Yakouren natal. « Comme il l'a souhaité, Melouah a été enterré dans la tombe de sa mère, Zohra. La mort de celle qui l'a porté, en juillet 2001, l'a tellement affecté, lui dont la santé était toujours fragile », relève son frère Taher. « La disparition de son frère puis de son père par la suite l'ont touché. A sa femme, il avouera son désir pressant de voir ses deux filles, Aïda Meriem et Maya Yasmine, âgées de 9 ans et 3 ans, grandir », se remémore son frère, faisant remarquer que la première opération cardiaque qu'il a subie remonte à 1984 ; celle qui a fait suite au pacemaker n'a pas réussi. Faisant le parcours de ce Casbadji pure laine, un proche relève que le défunt avait le contact facile et ne faisait guère cas des considérations qui font courir beaucoup de gens. « Le contexte de l'époque l'a contraint à s'exiler. Sid-Ali a laissé quatre enfants dont les deux dernières auraient voulu connaître un peu plus leur paternel », soutient-il. Sur les thèmes dont il s'est toujours inspiré, notre interlocuteur dira que le bédéiste « se nourrissait des propos et gestes des petites gens qu'il ne cessait de fréquenter ». Faisant partie de ces précurseurs qui ont fondé M'Quidech en 1969, premier illustré algérien, Haroun relève que Melouah est « un collègue d'enfance » avec qui il s'est essayé au dessin de presse. « Le défunt était quelqu'un qui était exigeant avec lui-même et avec les autres. » Il ne s'est pas fait violence en disant que « sa touche fiévreuse faisait de lui un bédéiste qui a su mêler la dérision avec ce réalisme qui lui est particulier ». Lui emboîtant le pas, Aïder, autre caricaturiste connu sur la place d'Alger, soutient que Sid-Ali a « dédouané la BD algérienne. C'et grâce à lui qu'elle a voyagé de par le monde. C'est dommage qu'il soit parti trop jeune ». L'ayant connu il y a peu, Hachemi Mokrane, plasticien graphiste, dira que le défunt tenait les gens en haute estime. « Rien de tel chez beaucoup de personnes. Melouah s'est exilé non pas pour mieux vivre, mais pour vivre son engagement et sa liberté. C'est regrettable qu'il soit absent au premier festival de la bande dessinée qui doit être organisé en novembre », assure Hachemi en disant que l'une de ses réparties qui lui est restée est celle où l'un de ses personnages dit à sa dulcinée : « Je t'aime et je t'chadore. » Pour sa part, Ferhani Ameziane assure : « Sans que je m'en aperçoive, j'ai parcouru, en entendant la nouvelle, des kilomètres. Je le sentais à mes côtés dans cette promenade dans Alger. Melouah était quelqu'un qui s'est dévoué à sa BD et à celle de ses collègues. Il était l'artiste dans toute sa bonté. Sid-Ali était de ceux qui ont fait que le festival international de la bande dessinée de Bordj El Kiffan soit une parfaite réussite. Sans pour autant en faire un sacerdoce, il s'est frotté à la communication visuelle. » Il affirmera enfin que le personnage haut en couleur avait toujours le sens de l'humour.