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DAHO DJERBAL (Historien)
« Le 1er Novembre 1954 n'est pas le fruit du hasard »
Publié dans El Watan le 30 - 10 - 2004

Célébrations du cinquantenaire du déclenchement de la révolution algérienne oblige, une conférence débat a été organisée jeudi par la fondation Mohamed Boudiaf et a regroupé de nombreux acteurs de la Révolution ainsi que le professeur Daho Djerbal, historien et homme de lettres qui est parvenu, à travers sa conférence intitulée « Circonstances historiques et politiques du 1er Novembre », à décortiquer ces événements tout en égratignant quelques mythes au passage.
Résolument inscrit dans une vision globale du mouvement national mais aussi des réalités disparates dans le tissu social algérien de l'époque. Premier mythe mis à mal par Daho Djerbal, en cette veille de la toussaint 1954, le peuple, contrairement au discours populaire, ne s'est pas levé comme un seul homme pour libérer le pays, hormis dans les Aurès et en Kabylie, il n'y avait que très peu d'hommes en armes. « Ils étaient 24 djounoud et 11 fidais dans le Nord constantinois, lors du 31 octobre 1954, faiblement armés, leurs actions n'avaient pas été concluantes », a-t-il expliqué. Par ailleurs, dans les Aurès, plusieurs groupes de centaines d'hommes étaient prêts au combat. Cette différence s'explique, selon Daho Djerbal, par deux facteurs, d'une part la tradition tribale dans ces zones montagneuses, déjà rebelles, et d'autre part un ancrage solide des mœurs politiques dans les villes, pas encore enclines à l'idée du passage à l'action. La création de l'Organisation spéciale (OS), émanation paramilitaire du PPA MTLD, avait pour but de fournir des officiers à la révolution à venir. Des officiers qui, par leur bravoure et leur mérite au feu, obtiendront grades et fonctions hiérarchiques dans l'encadrement révolutionnaire. Le conférencier plante le décor : le mouvement national est arrivé à maturation sans pour autant prendre la décision de passer à l'action. Il fallait tuer le père et détruire le mythe qu'étaient Messali El Hadj et le PPA MTLD, et les remplacer par le FLN et l'ALN. Pour ce faire, les initiateurs de l'appel du 1er Novembre ont eu recours aux « irréguliers » de l'OS qui avaient depuis plusieurs années pris les armes contre la France et qui se sont transformés en contrôleurs du parti. Mais aussi par la spécificité clanique qui régnait dans les massifs des Aurès et du Djurdjura, où l'acquisition d'armes et l'insoumission étaient pratiques courantes. Arme à double tranchant, cette « méthode » accentuera la dualité entre politiques et militaires. Malaise qui rejaillira lors du Congrès de la Soummam le 20 août 1956. Cette conférence est venue rappeler la complexité du traitement de l'histoire de la guerre d'Algérie et surtout la nécessité de son écriture.

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