Grogne et récriminations caractérisent ces derniers jours les propos des habitants des différentes sections du bidonville de Sidi Harb. Chaque soir, les chefs de famille se réunissent en groupe pour s'inquiéter de leur sort. Ils en ont après les représentants de l'Etat en charge du dossier logement. Leur impatience quant à bénéficier d'un logement décent semble avoir atteint le point de non-retour. Ils attendent la matérialisation de leur rêve depuis des décennies. Chaque fois, ils prennent pour argent comptant les engagements pris par les responsables locaux qui leur permettraient d'avoir leur chez-soi décent. De guerre lasse, et pour attirer l'attention sur leur situation de précarité, ils avaient occupé la voie publique. A chaque fois, leur mouvement de révolte (2005-2006) s'achevait par : « Votre problème de logement est sérieusement pris en charge. Nous allons faire en sorte qu'il soit réglé à très court terme. » A juin 2007, on en est toujours au même stade des promesses. Aucun logement ne pointe à l'horizon. Pourtant, ces habitants avaient cru que leur calvaire allait prendre fin. A l'occasion d'une visite sur le terrain, le wali et les responsables du secteur de l'habitat avaient parlé de la réalisation du projet 208 logements dévolus à la commune d'Annaba. Sur sa lancée, le wali avait publiquement annoncé le transfert sur Annaba de 500 logements de type rural. Ils étaient initialement prévus pour être réalisés dans des localités rurales où la contrainte du logement n'était pas aussi forte qu'à Annaba. La déclaration du wali avait été accueillie par les youyous des habitants du bidonville de Sidi Harb VI. Début 2007, ces derniers avaient été saisis d'une convocation de l'Office de promotion et de gestion immobilière (opgi). Ils étaient invités à procéder au versement de la 1re tranche sur 3 de leur apport personnel de 450 000 dinars sur le prix total du F 3 qui leur est destiné. Pour respecter cette condition, beaucoup ont raclé leur fond de tiroir. Ils ont attendu. Ils attendent toujours, plusieurs mois après. D'autres sans ressource, ou à salaire misérable, n'ont pas pu réunir le minimum de l'apport demandé. Ils espèrent toujours figurer dans le lot de ceux appelés à bénéficier d'un des 500 logements ruraux du projet de Bougantas. « Lors de sa visite à notre bidonville, le wali a ordonné que soient intégrés à la commune chef-lieu de wilaya 500 logements ruraux initialement prévus pour être réalisés dans des localités rurales. Ils sont destinés aux habitants de notre bidonville. Bien que la plupart aient procédé au paiement de leur apport initial de 50 000 dinars, on ne voit pas de chantier sur les lieux. C'est comme si cet engagement, publiquement exprimé par le wali, n'est rien d'autre qu'une autre forme de démagogie », ont affirmé plusieurs citoyens à Sidi Harb. Cette situation a été confirmée par l'Association des comités de quartier de la wilaya d'Annaba dans une correspondance adressée au wali et au chef de la daïra. Elle a eu pour conséquence d'attiser l'énervement de la population du bidonville en question. Enervement d'autant plus justifié que, pour disposer du montant de l'apport personnel demandé par l'OPGI, certains avaient mis au clou les bijoux de famille. D'autres, ayant cru que leur problème de logement était résolu, ont mis en vente leur baraque appelée pourtant à être démolie aussitôt ses occupants recasés. Ils sont actuellement hébergés « provisoirement » par des proches. Un provisoire qui dure. Il risque de durer encore tout autant que la question que tout un chacun des habitants du bidonville de Sidi Harb : « Qu'en est-il du projet des 500 logements ruraux à réaliser dans la commune d'Annaba. »