La contestation contrôlée des habitants du bidonville Sidi Harb IV de cette dernière fin de semaine n'est pas sans rappeler les mouvements de beaucoup d'autres similaires qui, ces derniers mois, avaient tenté de déstabiliser la quiétude des autorités locales. Emblématique, le récent mouvement des mal-logés, démunis et des oubliés des bidonvilles et cités à fortes concentrations de populations sans ressource, n'a pas désarmé. Jusqu'à cette veille de vacances scolaires, les associations de quartiers arrivent tant bien que mal à juguler l'impatience de leurs adhérents. Ce dernier jeudi, plusieurs dizaines de représentants des 500 familles du bidonville Sidi Harb IV s'étaient regroupés sur une des places de leur quartier. Mais, au-delà de leur énième interpellation pacifique des pouvoirs publics locaux réclamant des mesures d'urgence qui les sauveraient d'un délabrement général, c'est la gestion du dossier « bidonville » qui est remise en cause. Cette manière d'interpeller semble être à la mode dans la wilaya d'Annaba. Malgré les efforts consentis pour le lancement de plusieurs projets de réalisation de logements sociaux de différents types, rien ne pointe à l'horizon. Cette situation générée par la non-application d'une multitude d'engagements pris en faveur de cette catégorie de citoyens, est à l'origine de l'exacerbation des esprits et des handicaps sociaux. Dans les bidonvilles de Sidi Harb, les plus grands d'Annaba avec les 4000 et 1000 de Sidi Salem s'accumulent les records sinistres de la désocialisation. En majorité déracinés de leur région d'origine, les habitants sont confrontés au chômage, l'insécurité, la drogue, la violence… Durant la campagne électorale des dernières législatives, ces quartiers ont été transformés en laboratoires. S'y sont affrontés dans des meetings populaires, les candidats de toutes les obédiences politiques et ceux indépendants. Chacun y allait de ses promesses et engagements. A la wilaya, rien n'indique que cette nouvelle sortie des démunis et des défavorisés ne gagne d'autres catégories de citoyens. Elle pourrait être suivie pas les habitants des bidonvilles des 4000 et 1000 habitants de Sidi Salem, les plus anciens d'Annaba. Pour faire sortir leurs morts, ces habitants sont contraints de maintenir les corps en position debout. L'étroitesse du passage piéton entre les baraques est telle qu'une catastrophe ne peut être écartée en cas de sinistre. En ces lieux, c'est à qui prendrait le maximum d'espace vide, y compris en mordant sur la voie publique. La dernière opération de démolition de nouvelles constructions illicites engagée par la commune d'El Bouni, a été interprétée comme étant un coup d'épée dans l'eau. « Jusqu'à quand devrons-nous attendre le logement promis par l'Etat ? A chaque fois, on nous répond que cela ne va pas tarder. Cela dure depuis des années. Nous sommes quotidiennement au contact des eaux usées et des immondices. Nous avons l'impression que l'Etat nous a oubliés. Pour faire sortir nos morts et les enterrer, nous sommes obligés de les transporter en position debout. Chaque jour, nous appréhendons un quelconque sinistre », ont affirmé des habitants de ces bidonvilles Sidi Salem.