Vue de loin, l'infrastructure est imposante, pleine de promesses d'efficacité et de prise en charge optimale. De près, les salles et les couloirs sont rénovés, l'hygiène est rehaussée. De l'intérieur, le tableau s'assombrit, les dysfonctionnements de la santé publique apparaissent dans toute leur splendeur. Vue de loin, l'infrastructure est imposante, pleine de promesses d'efficacité et de prise en charge optimale. De près, les salles et les couloirs sont rénovés, l'hygiène est rehaussée. De l'intérieur, le tableau s'assombrit, les dysfonctionnements de la santé publique apparaissent dans toute leur splendeur. Confier une parturiente à la maternité, après lui avoir fait escalader les marches sur deux étages, ne signifie pas que la situation est prise en charge. La sage-femme signe une ordonnance, demandant l'achat de gants stériles et d'une seringue. La surprise est de taille. Le système de santé est donc si performant que l'on menace d'effectuer un accouchement à mains nues si l'on ne réussit pas un aller-retour dans les délais à la pharmacie la plus proche. La responsable du service explique que la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) ne fournit pas en quantités suffisantes certains produits, et n'appose pas un « zéro à la demande de l'hôpital, qui permettrait de s'adresser à un autre fournisseur ». Un argument en béton, mais qui révèle une incompétence des administrations centrales proportionnelle aux moyens qui leur sont affectés. La rupture n'est pas accidentelle, elle est faite pour durer. Nous repassons en l'espace de dix jours auprès d'une officine privée qui nous confirme que l'hôpital continue de réclamer de ses malades l'achat des consommables en question. Au plan de l'encadrement, le ministère a affecté, récemment, un dermatologue, qui n'est pas une spécialité vitale, et n'a pas pu renforcer le service de gynécologie obstétrique de l'hôpital, constitué d'une seule spécialiste, appelée, par ailleurs, à assurer des gardes à la clinique S'bihi de Tizi Ouzou. L'hôpital a signé des conventions avec trois gynécologues de la ville, mais la couverture spécialisée reste aléatoire et les évacuations sur Tizi Ouzou planent sur les parturientes en cas de complications. L'hôpital a réservé un logement pour recevoir un deuxième gynécologue. Le ministère, qui arrive à envoyer des spécialistes dans les zones les plus reculées du pays, n'a pas pu affecter un seul cardiologue à l'hôpital d'Azazga qui couvre une population de 200 000 h. Le service de radiologie dispose d'un seul médecin, alors que la structure est dotée de deux échographes et de trois tables radiologiques. On note, par ailleurs, l'équipement récent du service « néo-natal » et du renforcement du service d'hémodialyse, doté de 14 générateurs, prenant en charge 48 malades. S'il n'y a aucun médecin pour effectuer une échocardiographie, contraignant le malade à une évacuation sur Tizi Ouzou, ou appeler à la rescousse un médecin du secteur privé, l'hôpital est bien doté en matière de chirurgiens. Ils sont au nombre de 14. Mais cela ne fait pas le bonheur des malades en attente d'opérations. La liste d'attente est très longue. Les urgences sont opérées, nous signale-t-on, mais le « froid » a été gelé cette saison en raison des travaux de rénovation entrepris au début de l'année au bloc opératoire. Les procédures réglementaires du projet, géré au niveau central, ont fait que les travaux ont été lancés en hiver, pour être terminés en été. Les salles d'opérations viennent d'être rouvertes, mais ne vont pas tarder à être refermées pour passer la période estivale. Cela a dû faire le bonheur des…cliniques privées.