La Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye a rendu hier son avis sur « le mur de l'apartheid », selon la formule des Palestiniens, érigé par les Israéliens en Cisjordanie. La CIJ qualifie cette barrière, longue de 200 km, d'illégale et de violation flagrante des lois internationales et en appelle aux instances internationales pour obtenir et hâter son démantèlement. La balle est à présent donc dans le camp du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations unies pour imposer à Israël le respect de la légalité internationale qu'elle ne cesse de bafouer en toute impunité avec la complicité de son puissant allié américain. S'il fallait une nouvelle preuve de la duplicité de Washington avec Israël, elle a été donnée encore hier par le juge américain de la CIJ qui n'a pas hésité un seul instant à voter contre l'avis unanime de dénonciation du mur par ses pairs de la Cour. Il est vrai que l'avis rendu par la CIJ a un caractère purement consultatif, il n'a pas force de loi. Par ailleurs, il ne fait pas l'ombre d'un doute que les Américains qui n'ont pu bloquer l'initiative de la cour se réserveront pour les prochaines batailles onusiennes où ils ne manqueront pas d'user de leur droit de veto et leur influence pour faire avorter le projet de démantèlement du mur. Ou, à tout le moins, trouver une solution de compromis qui ne remette pas en cause le principe du projet israélien. En cela, la dénonciation du mur israélien par la CIJ apparaît-elle beaucoup plus comme une condamnation à caractère purement moral et politique. Mais l'événement est important en soi, même si Israël n'a pas montré de signes d'inquiétude après l'avis de la cour, confiante dans la suite des événements et fort instruite des réalités des condamnations qui ne l'ont jamais empêché de poursuivre sa politique d'occupation de la Palestine. Au-delà de l'affaire du mur, c'est implicitement toute la politique d'occupation des territoires palestiniens par Israël qui est mise à l'index par la CIJ. Il est important, par ailleurs, que l'avis de la cour soit rendu à un moment (pur hasard du calendrier ?) où Israël se trouve pour la première fois sous les feux des projecteurs de l'AIEA avec la visite à Tel-Aviv de son secrétaire général M. Al Baradei. Le refus, prévisible, de Sharon de coopérer avec l'Agence n'enlève rien à l'initiative de l'Aiea même si beaucoup pensent qu'il s'agit d'une opération politique pour se donner bonne conscience.