La salle répertoire d'Oran dispose en effet, selon son responsable, de 4 copies de films du célèbre cinéaste auteur du premier long métrage de l'Afrique noire et connu pour son engagement social contre les injustices mais aussi contre les archaïsmes du Continent noir. Le cycle sera entamé, d'après la même source, probablement à partir du 9 juillet. Le premier film du cycle est son tout premier essai produit dès 1966 et intitulé Borom Sarret. Ce court métrage de 19 mn retrace les péripéties d'un pauvre charretier (rôle interprété par l'acteur Ly Abdoulay) dans les quartiers riches de Dakar. Produit la même année, le film La noire de … est considéré comme le premier long métrage produit et réalisé en Afrique Noire. Ce film d'une heure met en scène une jeune bonne sénégalaise Diouana (Therese M'Bissine Diop) qui suit ses patrons français (Anne-Marie Jelinek, Robert Fontaine) de retour en France (Antibes) où elle découvre le racisme et les injustices qui la pousseront au suicide. Dans ce drame, le réalisateur tient le rôle du professeur. Le prochain long métrage de l'auteur date de 1968 et est intitulé Le mandat (Mandabi, titre original). Dans cette fiction d'une heure 45 minutes, l'auteur dépeint un pan de vie de la société sénégalaise au lendemain de l'indépendance du pays. Parmi les interprètes figurent Makhouredia Gueye (Ibrahim), Younos N'Diaye (la première femme), Isseu Niang (la deuxième femme) et Mous Diouf dans le rôle du neveu par lequel le scandale arrive. Le dernier film de Ousmane Sembene qui devrait être projeté à Oran incarne à lui seul la coopération Sud Sud dans le domaine du cinéma. Le camp de Thiaroye est en effet une coproduction algérienne, tunisienne et sénégalaise et le film coréalisé avec Thierno Ndiaye. Ce film émouvant, un long métrage de 2heures 45 minutes, retrace le destin tragique d'un bataillon de tirailleurs dans le camp de transit de Thiaroye. Des hommes, enrôlés de force dans l'armée coloniale pour se battre contre l'armée nazie, se mutinent suite aux promesses non tenues et au racisme affiché par la hiérarchie militaire de l'armée coloniale. Le réalisme des scènes filmées est sans doute dû au fait que le cinéaste sénégalais a été lui-même tirailleur avant d'opter pour le cinéma et la littérature après être passé par plusieurs métiers (maçon, docker à Marseille) qui lui ont fait découvrir le monde syndical. Les rôles sont distribués entre Ismaila Cisse, Sijiri Bakaba, Ismail Lo, entre autres. Auparavant, à la question du conflit colonial, dès 1971, le cinéaste a déjà consacré un autre film intitulé Dieu du tonnerre (Emitaï, titre original). Sembene Ousmane, membre fondateur du Fespaco, le festival panafricain du cinéma de Ouagadougou, a eu plusieurs prix dont celui intitulé "Un certain Regard et Mention Spécial du Jury Œcuménique " attribué au festival de Cannes en 2004 pour récompenser Moolaadé, un film contre l'excision qui clôture sa trilogie consacrée à la condition féminine (Guelwaar en 1991 et Faat Kiné en 2001 pour la réalité des mères célibataires).