Tombée de rideau sur la nouvelle pièce de Fouzia Aït El Hadj, L'amoureux de Aouicha wa el harraz restée cinq jours à l'affiche de la salle El Mougar. La présentation de cette oeuvre produite par le théâtre Kateb- Yacine de Tizi Ouzou (dont Fouzia est directrice) dans le cadre de “Alger, capitale de la culture arabe”, n'a certes pas connu de rush comme à l'époque de Hafilla tassir de Medjoubi, mais a drainé quand même un bon public. Aouicha wa el haraz est une pièce tirée de la célèbre qacida (poème) El Harraz du poète marocain Cheikh El-Mekki Ben El-Qorchi. Le poème est célèbre pour avoir été interprété par des chanteurs de renom à l'instar de Abdelkrim Dali et le maître du chaâbi, le regretté El-Hachemi Guerrouabi. Le tableau s'ouvre comme dans Nouba fi el andalous du même metteur en scène, sur un marché et les vendeurs anonymes vantent dans un chirr el malhoun la qualité de leur produit. Les costumes sont parfois a-temporels, et parfois rappellent la beni m'zhena de l'époque turque. L'œuvre est coupée en plusieurs tableaux de façon à ce que l'addition de tous les tableaux donne un sens général à la pièce composé comme un récit classique avec le noeud et le dénouement. Aouicha ou el harraz qui s'étale en longueur (prés de deux heures) et qui est hyper-chargée de par les textes poétiques chantés et “ narrés ” à longueur de la pièce, aurait gagné en consistance si quelques tableaux qui n'aident en rien à l'esthétique ni au sens de la pièce étaient ôtés. Le récit se déroule devant un palais, celui du mage (el harraz) -Hamid Gouri- qui a enfermé la belle Aouicha, -Nesrine Serghini- après l'avoir séduite à coup de gris-gris et la parole lyrique. Son amoureux, - Ahmed Merzougi- retourne d'exil et tente aidé de son amie Touhami -Abdelkrim Berber- toutes les ruses afin d'accéder au palais et enlever la Aouicha. Mais en vain, le mage déjouera tous les subterfuges. Ces actions seront le prétexte pour le metteur en scène de montrer quelques personnages typiques de notre art populaire tel celui du meddah ou encore du berrah. Toute la pièce est construite sur un texte fondamentalement poétique mais aussi narratif puisque contant l'Algérie des Berbères quelques-unes de ses traditions culinaires et surtout sa vaillance en tant que contrée riche et digne. Le tout est donné à voir dans une chorégraphie “bégayante” qui n'a rien à voir avec le ballet de Fouzia quand elle montait “ Nouba fi el andalous”. Ce ballet des vrais professionnels s'est éclaté puisque chacun de ses membres a suivi sa carrière en solo. Parfois lamentables par leur aspect aussi inesthétique que vieillot, les costumes auraient pu rajouter un effet attrayant à cette pièce qui se termine en happy end. C'est que l'amoureux finit par épouser sa bien aimée Aouicha alors que le mage disparaît dans la nature entraînant son incurable chagrin. Aouiha wa el harraz est montée dans cet esprit que Fouzia Aït El Hadj a toujours défendu, celui du théâtre comme étant un vrai spectacle de détente et de rire. Elle aura réussi si la pièce était déchargée de textes et enrichi par le geste et un décor plus réfléchi- celui de la pièce est un palais style veille battisse à la turque-. Après El Mougar, la troupe fera escale à l'ouest du pays, et s'y posera en donnant des représentations qui dureront jusqu'au 26 du mois courant. Elle se rendra par la suite à M'sila et Djelfa pour une durée de deux jours, et terminera par l'est du pays jusqu'au 10 octobre prochain. En décembre prochain, cette troupe entamera un autre périple vers le restant des villes du pays.