Baroud et feux d'artifice, guesba et bendirs, ivresse d'une nuit chaouie chatoyante de ses couleurs hautes et que dessinent ces costumes traditionnels flamboyants, illustres en ce qu'ils dessinent les contours d'une identité qui, le temps de cette première soirée du festival, s'est relevée et toute debout s'est mise à chanter les Aurès et sa noblesse. Timgad : De notre envoyé spécial Le théâtre romain a vibré de toutes ses colonnes, il était plein à craquer, la liesse était au rendez-vous. Les familles et toute cette jeunesse batnéenne sont venues faire du spectacle d'ouverture de cette 29e édition du festival international de Timgad un moment unique, exceptionnel mais aussi inoubliable. Pour leur part, les artistes n'ont pas démérité ; ils ont su restituer toute l'élévation et la grandeur qui ont fait le bonheur de tous. Ah ! quelle communion et quelle magie, quant il vous est donné de voir se mouvoir cette troupe Errefaâ donnant au ton du bendir la réplique à l'orchestre philharmonique des Aurès. Katcho, l'enfant terrible, et juste le temps d'une chanson, s'est occupé à faire goûter à ce public très affable le rythme du terroir. Les sommets ont été atteints avec l'entrée fracassante de la grande chaba Yamina qui a incontestablement su imprégner à cette soirée magique une folle « cadence » ! Le public, bercé par sa voix hard, rocailleuse, était aux anges, les spectateurs étaient tous debout, frétillaient, applaudissaient ardemment ; ils ne voulaient surtout pas qu'elle s'arrête et elle les a accompagnés jusqu'aux extrêmes territoires de la transe, de la kheloua. Moment intense, communion mystique surtout lorsqu'elle a égrené une chanson du répertoire chaoui, dansant et remplissant toute la scène de sa gestuelle magnifique. Karima Yahyaoui, cheb Khallas et cheb Annouar ont ponctué ce premier spectacle, cette fête qui restera longtemps dans les mémoires, le public ne voulant d'ailleurs pas quitter ces lieux magiques. La nuit du jeudi, il était revenu pour la sulfureuse Tunisienne Nabiha Kraouli dont la voix avait, dès sa prime jeunesse, subjugué plus d'un. Cheikh Imam, en 1988 déjà, reconnaissait en elle une grande artiste, belle, cultivée et engagée ; elle a su marier judicieusement le patrimoine musical traditionnel, la musique et les rythmes d'aujourd'hui. Sa prestation était, un moment, à savourer langoureusement, ses envolées doucereuses ont ravi le public de Timgad, surtout lorsqu'elle a entamé une chanson de Rabah Derriassa, et elle a bien mérité toutes les ovations et les vivats des spectateurs. Le finish de cette seconde nuit a permis à la troupe des Aissaoua de Annaba d'abord, et à Hacene Dadi et Farid Houamed par la suite, de faire se trémousser surtout les jeunes qui, il faut le signaler, ont exprimé une grande joie et du respect pour cette pléiade d'artistes.