Que d'émotion, que de sensibilité se sont exprimées le temps d'une nuit toute étoilée ! Une nuit qui a déversé sur Timgad toute la quintessence et toute la magie du flamenco ! Timgad : De notre envoyé spécial La soirée de dimanche a été un moment unique, car complètement dédié à cet art qui a su transcender les âges et venir comme une offrande des temps rappeler la grandeur de l'Andalousie. Les troupes Triana d'Alger et Luna Flamenca d'Espagne se sont chargées de nous en esquisser les contours historiques esthétiques, la richesse de sa poétique haute de ses couleurs et de sa gestuelle infinie. S'il est un art de vivre mené au pas de danse et à la mesure martelée par les talons de ses belles danseuses et qui résonnent pour affirmer haut la voix et le geste, le flamenco est aussi un message d'amour et de fraternité. Luna Flamenca nous apprend, mélopées, romances et complaintes à l'appui, que la partition de la vie reste notre respect, le plus profond à l'égard de cet héritage des anciens, ce legs des temps et cette passerelle entre passé et présent. Le théâtre romain de Timgad a résonné de ses colonnes comme résonne dans notre mémoire Alhambra, comme une « ressouvenance » retentissante au fin fond de notre âme. Le public batnéen avait, ce soir-là, bien du répondant, il a apprécié d'abord Triana d'Alger qui a livré une prestation de haute facture, avec la guitare et la voix de Mehdi qui ont vibré de toutes leurs cordes pour chanter Ya rayeh ouin m'safer que le public a accompagné avec grand bonheur. Luna Flamenca intervient et subjugue, à son tour, la scène du théâtre de Timgad qui devient alors un croisement de routes qui fait se rencontrer Séville avec Ishbilia, Cortoba avec Cordoue et Grenade avec Ghernata… Les danseuses senoritas, sublimes dans leur robe aux couleurs chatoyantes, dessinent une gestique monumentale qui s'en va épouser le rythme spasmodique craché par des guitares en furie et donner ainsi le ton et la mesure à la complainte languide et infiniment lascive et sensuelle du chanteur. La soirée de dimanche était bien réussie, le public a tangué à souhait et il est rentré repu, il a bu à la fontaine de l'espoir, de la vie, celle qui abreuve les cœurs, les apaise des tumultes et qui leur raconte au moyen de cette musique prenante qui prononce les troupes d'une mémoire commune que l'on croyait ensevelie, que le flamenco est une route qui mène non seulement aux origines, mais qui reste la voie de l'avenir. La fin du spectacle l'a véritablement prouvé : les artistes, musiciens, danseuses, chanteurs des deux groupes étaient rassemblés sur cette scène mythique pour, dans un dernier élan, scander une grandiose communion.