Le repos estival attendra. L'association avignonnaise Repères a décidé de s'impliquer en juillet dans le jeu du festival de théâtre, à condition que ce soit sur son terrain, et avec ses règles : un spectacle de proximité. Avignon : De notre envoyé spécial Avec la complicité du théâtre Le Gilgamesh qui a ses propres scènes, nous avons décidé cette année d'ouvrir notre lieu. La pièce Les bêtises de rien du tout… rejoint nos préoccupations et notre éthique », explique Mohamed Bensalah, directeur et co-fondateur de l'association. En 1989, un groupe de jeunes d'origine algérienne, lassés de la ghettoïsation et de l'assistanat, crée une association en se fixant comme objectif de favoriser l'intégration dans la société française des jeunes et des familles issus de l'immigration maghrébine par la mixité sociale, la valorisation de l'individu et l'accès à l'autonomie. Parmi les nombreuses activités sociales, un atelier théâtre est même créé, qui participe à sa manière décalée au festival. Cette année, un pas de plus est franchi puisque l'association entre dans la cour des grands en invitant des professionnels sur un sujet qui rejoint ses préoccupations. Le thème est en soi tout un programme : Madame Meunier vit dans un modeste pavillon de banlieue. Son enfer, c'est les autres... Elle vit cruellement la différence de cultures et se sent envahie par ces étrangers, dans sa maison, son jardin public, son pays. Son attention est focalisée sur la fille de ses voisins, d'origine algérienne, à laquelle elle voue une haine farouche, certainement parce que, contrairement à elle, avec ses parents, entourés d'amis, d'enfants et de chats, elle vit, tout simplement. Mme Meunier, dans son désarroi, est touchante, attachante et drôle. Malgré toute la volonté qu'elle met à ne pas dire, elle devient dans sa solitude la porte-parole d'une pensée commune et raciste qui la submerge. Déjà jouée au moins cinquante fois dans des Mjc, des lycées, des centres sociaux, la pièce est une adaptation par le théâtre des Turbulences, d'une enquête menée par les sociologues (tous deux décédés) Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad. Les comédiennes Nadine Darmon et Stella Serfaty (mise en scène) y sont étonnantes de vérité.