Le président palestinien a eu hier l'heureuse idée de mettre les choses au clair en accueillant les 250 Palestiniens libérés par l'occupant israélien. « 11 000 autres de nos compatriotes attendent leur libération », a-t-il dit, mettant en relief et en quelques mots, aussi bien l'étendue que la réalité du problème palestinien. Voilà un dossier qui figurait en bonne place dans les négociations palestino-israéliennes avant d'être interrompues et que lui soit substitué un plan international appelé la feuille de route et auquel ses propres initiateurs avaient fixé des échéances. A vrai dire, les Palestiniens ont perdu les accords d'Oslo, sans gagner l'autre, pour la simple raison qu'Israël fait tout pour renier ses propres engagements, ou ne pas en prendre. Ce qui explique cette libération au compte-gouttes et le blocage de toute perspective de paix. Ce qui ramène les libérations d'hier à une simple opération médiatique, et c'est le cas d'en parler ainsi avec une puissante machine médiatique avec une puissance du verbe et de la falsification telles que l'on se retrouverait presque à parler d'un Israël magnanime et de méchants Palestiniens. Quelle tromperie, puisque aucune allusion au rapport occupant-occupé puisque les Palestiniens sont accusés de se livrer à des actes terroristes. Et plus que cela, puisqu'il se dit que par son geste, Israël a décidé de soutenir le président Mahmoud Abbas face au Hamas. Mais qui a provoqué une telle situation et placé la bande de Ghaza dans la situation qu'elle vit actuellement. C'est pourtant Israël qui a affaibli l'Autorité palestinienne en détruisant systématiquement tous ses symboles et son infrastructure, renforçant à l'inverse, celle de son adversaire. C'est aussi Israël qui a amené les Palestiniens à donner leur voix au Hamas, pour avoir bouché tous les horizons et éliminé toute perspective de vivre un jour libres. Mais Israël aurait été bien incapable d'agir avec autant d'agressivité et de déni des règles de droit, s'il ne bénéficiait pas de puissantes complicités qui ont permis de faire croire que la feuille de route était un bon substitut aux accords d'Oslo. Qu'a fait le Quartette depuis son installation en 2003 ? Rien, ou pire, il a réussi à neutraliser l'ONU en faisant un de ses membres. C'est ainsi qu'elle s'est retrouvée en train d'imposer des sanctions au peuple palestinien, alors même que l'objectif déclaré du Quartette était d'aider à la création d'un Etat palestinien, tenons-nous bien, en 2005. Il n'est donc pas faux de croire que la question palestinienne est instrumentalisée et qu'elle sert d'alibi à ceux qui font des promesses, ou courent après un succès diplomatique. Mais qui dans ces conditions se soucie du peuple palestinien ? Il est redevenu un cas humanitaire. Pire, ceux qui tendent à effacer l'équation dominant-dominé en ont fait un danger. Quelle supercherie !