Mohamed Bensalah, réalisateur, auteur et membre actif de l'association Repères nous parle de son travail de proximité Avignon (France) Ce spectacle, c'est la non-parole, la barrière entre des gens Au-delà de ça, je pense que c'est un rapport de voisinage et peut-être aussi intergénérationnel. Elles communiquent mal, et qui ressentent, l'une et l'autre, le phénomène d'exclusion. L'exclusion n'est pas qu'économique, elle est aussi affective, sociale, humaine. Dans ce spectacle, chacun retrouve des situations qu'il a connues, à un moment ou à un autre. Cette dame acariâtre ne veut pas aller vers les autres, et elle ne cesse de se plaindre de ses voisins arabes. Elle ne retrouve plus ce qu'elle aurait souhaité vivre, face à des voisins qu'elle voit comme trop différents. Elle se sent déclassée, un peu isolée, face à la chance des familles alentour qui ont une qualité de vie meilleure. Il y a une incompréhension. Si beaucoup d'associations comme la vôtre sont installées dans les quartiers, vous avez choisi d'être intra-muros, dans la vieille ville d'Avignon. Est-ce un hasard ? Non. On est parti de l'idée que le centre-ville est le lieu qui rassemble tout le monde dans sa diversité et dans sa mobilité. Le problème de l'exclusion, c'est lorsqu'on devient moins mobile. Pour que les gens se connaissent mieux, il faut qu'ils soient en mouvement, dans l'échange, dans le regard, dans le partage. Cette installation aurait pu être un échec ? Oui, mais ça fonctionne très bien car une association c'est d'abord des êtres humains et des parcours de vie. La force c'est d'avoir des valeurs, et de les vivre sans complexe, dans l'environnement qui est le nôtre. Les actions tournent autour du respect des valeurs dans un lieu d'ouverture et d'action. Il est préférable d'être acteur dans cette société plutôt que spectateur. Avez-vous un projet en direction de l'Algérie ? Après 18 ans de mixité, de travail intergénérationnel et interculturel, on se rend compte que malgré qu'on vive ensemble, chrétiens et musulmans, il y a encore une sorte d'ignorance qui nous amène à toujours expliquer… Au cours des actions qu'on a conduites, notamment avec le Secours catholique, avec des gens en très grande difficulté, on a été amené à parler de Saint-Augustin dont on a pensé qu'il pourrait être le lien entre les religions, et les deux pays puisque, personnalité de l'Eglise catholique, il est né en Algérie, il y a enseigné, et a pris son ampleur avant de devenir un des pères de l'église catholique. L'idée est de faire un voyage de témoignage avec une cinquantaine de personnes, constituée d'un public défavorisé, côté français, et chez nous de personnes sans ressources (Algériens, Français nés en Algérie…) en capacité de partager. Ce sera au printemps 2008, dans plusieurs villes algériennes. On préparera ce voyage en automne qui s'intitulera une « Semaine sur l'Algérie », puis chaque mois il y aura un événement pour faire découvrir en amont le pays et son peuple dans sa richesse et sa diversité. Et, une fois revenus, encore témoigner et valoriser ce rapprochement nécessaire.