Le Front Polisario a menacé, hier à Alger, de quitter la table du 2e round des négociations destinées à trouver une solution politique au conflit du Sahara occidental si le Maroc sort du cadre onusien au cours des prochaines discussions prévues le 10 août à Manhasset. « La délégation sahraouie mettra fin aux négociations si celles-ci sortent du cadre défini par la résolution 1754 du Conseil de sécurité de l'ONU », a déclaré le président du Parlement sahraoui, Mahfoudh Ali Baiba. M. Baiba, qui préside aussi la délégation sahraouie qui a pris part au 1er round des négociations, répondait ainsi au Premier ministre marocain, Driss Jettou, qui a déclaré dans l'une de ses interventions que l'initiative de l'autonomie « constitue le seul cadre possible pour les négociations et l'aboutissement inéluctable de ce processus ». M. Jettou insiste aussi que « l'autonomie est une offre globale et non sélective ». Et M. Baiba répondra : « Le droit du peuple sahraoui est la seule solution au conflit. » « Il est temps de donner aux Sahraouis le droit de voter, d'autant que c'est l'ère où il faut respecter les libertés », selon lui. Le président du Parlement sahraoui considère la présence de Kheli Henna Ould Errachid, président du Conseil royal consultatif des affaires sahariennes (Corcas), lors du 1er round des négociations comme « une provocation que nous avons totalement ignorée ». Il ajoute : « Il paraît aussi que le Premier ministre marocain s'était présenté en tant que chef du protocole du Corcas, ce qui est une autre provocation. » « Nous avons tout partagé sauf la volonté de régler le conflit », a-t-il dit. Une manière pour lui aussi d'interpréter les résultats du 1er round des négociations. Mahfoud Ali Baiba explique cela par le fait que « le Maroc était venu avec une position préétablie consistant à imposer l'autonomie comme seule solution au conflit ». Il estime que sur le plan de la forme, « les négociateurs marocains sont les piliers du régime », mais sur le fond « le Maroc est resté sur sa position du fait accompli ». M. Baiba se dit conscient que le conflit ne peut se résoudre en deux ou trois rounds, mais pour lui, « il faut créer un climat de confiance qui peut permettre d'aborder les questions de fond ». Cela en réitérant la disposition du côté sahraoui à aller au 2e round des négociations avec « la même volonté et détermination ». Parlant de la position américaine, le représentant sahraoui a révélé l'existence d'« un courant à l'intérieur de l'Administration américaine qui pousse vers le pourrissement ». Mais il fait une lecture « positive » de la déclaration du vice-ambassadeur des USA à l'ONU qui a insisté, selon lui, pour un référendum au Sahara occidental. M. Baiba a précisé, par ailleurs, que contrairement à ce qui a été rapporté par la presse, l'Espagne est le seul pays parmi « les amis du secrétaire général de l'ONU » qui a marqué sa présence aux récentes négociations. Qu'est-ce qu'il pense de Sarkozy, le nouveau président français ? « Selon des analystes qui connaissent la politique française, il paraît que le nouveau président français a une approche pragmatique vis-à-vis de la question sahraouie, en passant d'un aspect émotionnel vers l'intérêt régional », a-t-il dit. « De toute façon, nous avons constaté que la récente intervention du représentant français à l'ONU n'était pas agressive ».