Chabane Chouitem est un jeune auteur qui vient tout juste de publier son premier roman, Les Adieux de Noël, aux éditions françaises, Société des écrivains. Après une licence en littérature française à l‘université de Blida, Chabane Chouitem poursuit actuellement un doctorat troisième cycle en lettres modernes à l'université de Nice. L'écriture a toujours été une nécessité pour lui d'où la publication de son premier-né. Dans un style fluide et aéré, le jeune écrivain en herbe transporte le lecteur pour vivre quelques moments de la vie d'un jeune couple épris l'un de l'autre. Marie est une française de 25 ans qui tombe accidentellement sur une lettre de M'Hamed, un Algérien. C'était une lettre que M'Hamed avait adressée à une amie, Nicole, qui le renseignait sur la procédure à entamer pour s'inscrire dans une université française. Par inadvertance, le courrier tombe entre les mains de Marie. De là, se tissera une relation amoureuse épistolaire avant que le destin n'organise leur rencontre réelle. Que le lecteur ne se trompe pas, l'auteur ne décline pas son histoire avec une part importante de réalité. Loin s'en faut. Chabane Chouitem s'en défend, en affirmant que son passage par-delà la Méditerranée l'a effectivement beaucoup inspiré avec une dose de 90% d'imaginaire. A travers la trame de cette histoire pathétique, qui se solde par un échec, l'auteur a voulu dénoncer et refuser les clichés et toutes sortes d'idées préconçues qui diminuent le Maghrébin aujourd'hui. « Ceci se vit notamment en France, eu égard au racisme croissant, qui devient ahurissant de plus en plus ; ceci appuyé par l'actuel président M.Sarkozy qui, à mon sens, affiche clairement son rejet du Maghrébin et du Noir africain. », explique-il. Les deux personnages principaux deviennent, par la force du destin, les symboles de l'échec et le sens même de la révolte. L'auteur leur a donné des profils intéressants afin qu'ils soient à la hauteur de l'épineux problème, à savoir l'impossible amour. C'est ce qui explique, en partie, que le roman a été écrit dans une langue très académique, rejetant tous les écarts de facto, puisqu'il oppose, pour ainsi dire, deux personnages issus de milieux différents, de cultures différentes, voire même opposés compte tenu des réalités politiques contemporaines. Un Algérien et une Française, qui s'aiment ardemment pendant trois ans, se livrent à un pugilat idéologique conflictuel et sans merci ; ils sont les acteurs et les victimes de clichés hargneux, de réalités historiques irrévocables, ineffaçables qui les opposent l'un à l'autre après les avoir rapprochés. Ils sont offusqués par leurs sociétés, bourrées de clichés, mais se prêtent au jeu sans même s'en apercevoir. Ce sont deux Citoyens (« cité ! ») des temps modernes. Ainsi, la force du roman réside dans le fait que l'on n'arrive plus à faire la part des choses entre le réel et l'imaginaire, le vrai et le fantasmé. Les Adieux de Noël, qui se donne à lire d'un seul trait, est un roman d'une brûlante actualité, à savoir toucher du doigt tous les malaises qui suffoquent et empoisonnent les deux rives de la mer Méditerranée.