Les autorités locales de la wilaya de Tiaret sont sur le pied de guerre et viennent de prendre leurs dispositions pour faire face à la probable invasion de criquets dont on signale quelques furtives incursions du côté d'Aïn D'heb, Aïn El Hedid, Zmalet Emir Aek et Sidi Abderrahmane. Des essaims en mouvement qui auraient survécu au plan de lutte engagé dans les deux premiers fronts, dira Abdelkader Mouici, directeur des services agricoles (DSA). Le traitement aura été efficace car, ajoutera notre interlocuteur, « le froid qui a caractérisé la région ces derniers temps nous avait permis, une fois ces essaims rassemblés, d'en venir à bout. » Après avoir rappelé les deux phases du traitement, l'on a vite compris que c'est surtout la phase printanière qui reste redoutée dans la région. Une rencontre a eu lieu, avant-hier, au siège de la wilaya, pour discuter le dispositif dans ses moindres détails. S'insérant dans un plan de lutte national, les PC de daïras ont été instruits et surtout renforcés par l'apport d'un matériel conséquent et d'un personnel technique (une cinquantaine de cadres) qui vient d'actualiser ses connaissances à travers de courts stages de recyclage. La wilaya de Tiaret a été dotée, signale-t-on, de 2 500 kits de protection, de divers produits (150 000 litres d'ULV et EC), de 500 appareils tractés, de 50 citernes aménagées et de 1 000 pulvérisateurs. Un matériel à redéployer, conformément aux instructions reçues, et qui va impliquer tout le monde dans la lutte antiacridienne, à commencer par les citoyens qui ont obligation d'informer et les autres services constitués des services agricoles, des forêts, de la santé et du HCDS. Une conjugaison d'efforts qui doit nécessairement amener un plus dans la lutte pour laquelle « on a acquis une expérience », dira M. Mouici. Il cite à ce propos les techniques d'appoint que les agriculteurs doivent appliquer car, constatera-t-il, « l'irrigation d'appoint, la fertilisation des sols et l'application stricte des recommandations ont permis la reprise de certaines plantes. » Parallèlement à ce fléau, Tiaret reste aussi concernée par un nouveau phénomène : l'apparition du rat des champs. Les conséquences de la prolifération de ce rongeur nuisible sont désastreuses. Jusqu'à présent, plus de 60 000 ha de terre, situées principalement dans la région nord-ouest et sud de la wilaya, ont été infestés par cet animal, ce qui a eu également des incidences fâcheuses sur la santé des citoyens. Certaines sources parlent de 800 cas de leishmaniose cutanée déclarés. Bien que M. Mouici parle du traitement mécanique, avant celui chimique qui ne devra être enclenché que dans une deuxième étape, il y a cette urgence de réglementer l'activité de certains commerçants qui continuent à livrer, au mépris des techniques en vigueur, des produits dangereux pour l'homme et la terre, en cette période de pré-labours-semailles.