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Bush, représentant des exclus et des mal-aimés ?
Dans les villages américains, au milieu des Appalaches
Publié dans El Watan le 30 - 08 - 2007

Que demande le petit peuple de George Bush ? Loin des quartiers bourgeois-bohèmes de New York, San Francisco ou de Washington DC, les habitants des villages de Virginie-Occidentale proclament leur attachement aux « vertus d'antan ».
Virginie-Occidentale. De notre envoyée spéciale
tat presque aussi pauvre que la Nouvelle-Orléans et le Mississippi, la Virginie-Occidentale a entamé un virage à 360 degrés à droite depuis l'arrivée de Bush junior au pouvoir. C'est pourtant l'un des Etats les plus solidement démocrates, connu pour les luttes syndicales des charbonniers, pour ses rébellions et pour son goût pour les armes. Aux élections présidentielles, il est rare qu'un candidat démocrate ait remporté la présidence sans avoir remporté la Virginie-Occidentale. George W. Bush a été l'un des seuls candidats républicains qui a réussi à gagner la sympathie des habitants de Virginie-Occidentale. Voici comment Bush a conquis le cœur des Américains dans les bastions les plus reculés de la gauche. Pour mieux comprendre ce qui s'est passé, il faut plonger au cœur de cette Amérique profonde dans les villages les plus reclus des Appalaches, bien loin de l'image qu'Hollywood aime à donner des Etats-Unis. Une petite virée dans les comtés oubliés de Logan ou de Madison éclaire assez vite sur le mystère de la popularité du président le plus haï de la planète. Les gens qui se sont installés dans cette région étaient réputés être des anarchistes, refusant toute forme d'autorité. « Au tout début, seuls les membres du gouvernement passaient par cette grande route, les habitants de la ville qui étaient généralement installés dans le balcon de leur maisonnette sirotant un verre de Whisky n'hésitaient pas à tirer à bout portant », nous raconte Benjamin Hardman, professeur d'islamologie, originaire de West Virginia, ayant passé plus de cinq années à Aïn Defla où il enseignait l'anglais au milieu des années 1980. La région, nous dit-il, est également connue pour ses « Red Necks » (les cous rouges), les mineurs de charbon ayant la peau rouge au soleil et dont on raille, dans les grandes villes, leurs légendaires beuveries, leur manque de sophistication ainsi que leur passion pour la pêche et la chasse. Avant l'arrivée de Bush au pouvoir, être un « cou rouge » était une tare, une insulte suprême. Tout cela appartient désormais au passé. George Bush, en parlant avec un accent de Red Neck et n'ayant aucun sens de raffinement, a su leur rendre leur fierté escamotée. Evidemment, Bush n'a rien d'un Red Neck. Né dans le Connecticut (l'on dit même que son accent texan est préfabriqué), ayant fait ses études dans les prestigieuses universités de Yale et de Harvard, il a plus le profil d'un bourgeois gentilhomme que d'un pur et dur Red Neck. La Virginie-Occidentale, c'est également le charbon. Entre route et rivière, montagne et chemin de fer, on rencontre souvent des mines avec leurs grands élévateurs en forme de pyramides. Ici, le libre-échange n'est pas populaire. Mais les intellectuels ne le sont pas davantage. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui ont valu à John Kerry de perdre des voix dans cette partie de l'Amérique. « Kerry venait du Massachusetts, une région réputée pour ses habitants très cultivés. Il était riche, marié à une milliardaire… En Virginie-Occidentale, on n'aimait pas sa façon d'être, il parlait français, c'est quelque chose qui ne passait pas. Il ne pouvait pas donner une réponse simple à une question simple, les gens ne comprenaient pas son langage. Il passait aussi pour un grand opportuniste », nous explique Ben Hardman. Et d'ajouter : « Bush, lui, avait un accent texan, il fait des erreurs de syntaxe ou de vocabulaire, il est simple, il consacre une partie de ses vacances à porter des bottes et à débroussailler son ranch. Ce genre de chose compte. » Les intellectuels sont ici décriés à cause, dit-on, de leur narcissisme, leur mépris des traditions populaires, leur dédain de ces « pauvres types » habitant les montagnes, bien loin des côtes. Dans cette partie de l'Amérique, où seulement 15% de la population a fait des études supérieures, on ne fait pas confiance aux « intellos », pas plus qu'aux « écolos ». On les soupçonne de mettre en péril les quelques emplois industriels que les délocalisations et les fermetures de puits n'ont pas encore engloutis. Le candidat Al Gore et son engagement pour la protection de l'environnement ne sont pas bien accueillis en Virginie-Occidentale. « Une rumeur selon laquelle Al Gore allait confisquer tous les fusils a effrayé les habitants de Virginie-Occidentale lors des élections qui ont opposé le candidat démocrate à George Bush », nous dit encore M. Hardman. Piété, patrie, charbon, fusil. George W. Bush proclame astucieusement son attachement à ces valeurs notamment durant les campagnes présidentielles (il a fait deux tournées en Virginie-Occidentale en 2005). Et c'est souvent dans les Etats les plus pauvres que sa popularité est la plus grande. En Virginie-Occidentale, entre 1960 et 2000, les démocrates ont remporté l'Etat à chaque élection présidentielle, sauf en 1972 et en 1984, années des raz-de-marées électoraux de Richard Nixon et Ronald Reagan. Mais depuis 2000, elle a donné pour la première fois, à deux élections présidentielles de suite, en 2000 et 2004, la victoire au candidat républicain George W. Bush en lui accordant 51% puis 56% de ses suffrages. Ben Hardman ne peut pas s'empêcher de comparer la Virginie-Occidentale à l'Algérie. « Les gens ici ont une espèce de fierté exagérée, un peu comme le nif algérien », glisse-t-il. L'Etat est un fief du syndicat des mineurs. Figure du mouvement ouvrier, « Mother Jones » y anima, au début du siècle dernier et pendant près de vingt ans, certains des « conflits très durs qui opposaient les esclaves de l'industrie à leurs maîtres ». « Jusqu'à ce jour, les habitants de West Virginia estiment être colonisés par les compagnies de charbon, généralement installées à New York et dans les grandes villes. Une situation qui ressemble à l'époque de l'Algérie sous la colonisation française », indique Ben Hardman. Il résume l'esprit de cette région en une formule aussi lapidaire qu'ironique. « C'est une région nordiste avec une mentalité de sudistes », dit-il. Mêmes les déboires de Bush en Irak ne semblent pas avoir entamé sa popularité. C'est dans ce genre de patelin que l'Administration puise ses soldats en Irak. Tout au long de la route entre Charleston, Logan et Madison, de jolis nœuds en papier rappellent, non sans une certaine fierté, les enfants du pays qui servent en Irak. « Il est difficile de convaincre ces gens-là que la guerre en Irak est vaine. Même si ce sont des gens qui n'apprécient pas l'autorité du gouvernement, ils ont toujours été de toutes les guerres (Seconde Guerre mondiale, Vietnam…) », nous explique notre guide, ajoutant : « Ce sont des gens qui n'admettent pas pouvoir perdre une guerre, quelle qu'elle soit. » Un habitant de Charleston (capitale de Virginie-Occidentale), Rusty, cheveux longs et chapeau de cow-boy sur la tête, nous explique, quant à lui, que beaucoup de gens on changé leur avis sur Bush. « Beaucoup de personnes habitant la Virginie-Occidentale, qui avaient voté pour Bush auparavant, le détestent aujourd'hui. Ce n'est qu'un menteur », nous dit-il. Dans cette région où les charbonniers continuent de vivre dans ce qui est considéré comme d'indécentes maisons, l'on commence à s'apercevoir que Bush est libre-échangiste lui aussi, comme son parti. Et qu'il cesse d'enrichir les riches, plus ouvertement encore que ses prédécesseurs. Certains continueront néanmoins de soutenir Bush jusqu'au bout, une manière, pour eux, d'exorciser leur rancœur des gens « d'en-haut ».


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