En l'absence de la plupart de ses émissions phares, en vacance,la télé nationale a eu du mal à tenir le rythme cet été.Mais elle est restée très “vigilante”sur le registre politique. Ainsi, le retour de Ait Ahmed dans son pays pour remettre de l'ordre au sein du parti qu'il préside, en l'occurrence le FFS,ne devait en aucun cas constituer pour le petit écran un événement médiatique, encore moins un fait politique majeur. La consigne a été appliquée avec une froideur qui relève du mépris . Le Zaïm, figure emblématique s'il en est mais néanmoins historique qui a tant donné à la cause patriotique nationale, n'a eu droit à aucune image ni à son arrivée ou une foule dense de ses militants et ses sympathisants est venue l'attendre, ni pendant son séjour ou il a eu un programme d'activité assez chargé. Cette directive de boycott,qui comme on le sait dépasse les prérogatives du PDG de l'ENTV, donne une idée on ne peut plus claire sur le type de considération qui est accordé, par les autorités dirigeantes,à l'opposition démocratique en Algérie. A qui appartient la télé algérienne ? Au service de qui oeuvre-t-elle ? Eternelle rengaine qui nous renvoie fatalement à l'archaïsme d'un système de communication, construit autour de la télévision, qui a montré ses limites dans un monde ou les esprits les plus réfractaires ont évolué à une vitesse grand V, mais qui continue de sévir sans rendre compte à qui que ce soit des énormes dégâts laissés derrière lui. Alors que les démocraties dans le monde ont compris que pour développer un pays, il faut associer toutes les ressources humaines, toutes les compétences même celles qui n'émanent pas des cercles du pouvoir en place, et l'exemple de la France est là pour confirmer cette thèse, on en est encore chez nous à combattre les courants politiques qui ont une vision différente et parfois contraire sur la manière de construire la... démocratie et bien sûr de gérer la société. Le président du FFS appartient à cette catégorie d'homme politiques qui refusent les compromis parce que convaincus de l'idéal républicain pour lequel ils continuent de se mobiliser. Une race de militants, en fait, qui n'a pas besoin de caméras pour survivre aux évènements et qui d'une certaine manière n'ont en cure de la censure télévisuelle à partir du moment ou celle-ci n'affecte en rien leurs missions. “Nous avons l'habitude” disent-ils, mais ce sont les algériens qui apprécieront le contenu du slogan officiel qui parle de liberté d'expression défendue par la constitution, de diversité partisane qui a droit à tous les égards dans l'espace républicain et de télévision nationale qui appartient à tous les Algériens. Les lumières du petit écran ne sont donc pas destinées à tout le monde. Il faut les mériter... et c'est pourquoi, aujourd'hui,des hommes politiquement correctes comme Ahmed Ouyahia par exemple qui découvrent l'univers irrationnel de l'opposition à la carte ont toutes les chances d'avoir leur petit halo. C'est vrai qu'entre le leader du FFS et l'ex-chef du gouvernement, il n'y a pas photo, mais tant qu'a faire, en tirant à boulets rouges sur son Ouyahia vient de signer, toute honte bue, la plus grande incongruité politique de l'année. C'est peut-être le signe de nervosité qui montre que le chef du RND supporte de moins en moins l'anonymat, le fait de faire de la politique en dehors des travées du pouvoir, quoique c'est loin d'être le cas pour lui... Enfin... il faut bien animer cette scène politique qui se vide lamentablement de sa substance. Si on semble, avec la révision de la constitution, avoir trouvé le sujet qui fait tilt pour occuper l'opinion, l'initiative prise par le ministre de l'intérieur de rayer des listes électorales toutes les citoyennes et tous les citoyens qui se sont abstenus, en toute liberté et conscience, de se rendre aux urnes pour des raisons qui leur sont propres,fait plutôt grincer les dents. Si on ne ferme pas le rideau, on vous donne à consommer du répressif. Vraiment pas le choix... Ouf, on veut pourtant respirer ! Alors il nous reste à attendre le Ramadhan pour entrer dans une autre ambiance,celle des sketches-chorbas qui ont justement le mérite de nous faire sortir du carcan de la politique politicienne incarnée par les mêmes têtes, et devenue leur propriété exclusive. A propos,la grille spéciale Ramadhan ressemblera aux précédentes, avec ses feuilletons arabes (imaret yâaqoubiyane,Antar el Absia, khaled ibn walid...) que personne ne suit,son sitcom ( maa el mheni dima mheni) qui aura la lourde tâche de faire mieux sinon aussi bien que nass mlah cité, ses concerts de chants pour meubler les vides, ,sa série humoristique (zkara) qui sera une curiosité à ne pas rater, sa caméra cachée (bla zâaf khfif ou drif) et son feuilleton-drama national (mawid mâa el qader) sur lequel tout le succès du programme est bâti. Une petite production que la critique n'épargnera pas.