En résiliant le contrat pour le développement du gisement de Gassi Touil, la compagnie nationale s'estime dans son droit, étant donné le long retard causé à la réalisation du projet gazier intégré par les compagnies étrangères l Des analystes affirment qu'il s'agit d'un coup dur pour Repsol dont 40% des nouvelles réserves pour 2007 jusqu'à 2010 devaient provenir de ce projet. La compagnie pétrolière nationale Sonatrach a annoncé hier avoir demandé réparation à Repsol et Gas Natural suite à la résiliation du contrat pour le développement du gisement de Gassi Touil. Elle indique, dans un communiqué parvenu à notre rédaction, particulièrement virulent, avoir entamé une procédure d'arbitrage à l'encontre de ces deux compagnies ibériques. L'entreprise algérienne a confirmé avoir procédé à la résiliation du contrat conclu en 2004 en se basant sur des clauses de ce même contrat. Sonatrach est sortie de ses gonds pour donner sa version des faits. D'après elle, les deux groupes espagnols ont failli dans leurs obligations contractuelles. Les déficiences de ces associés ont occasionné « des retards et des dépassements des coûts très importants et l'incapacité de Repsol et Gas Natural à redresser la situation en dépit des nombreuses mises en garde de Sonatrach ». La compagnie nationale a qualifié le projet de « fiasco industriel majeur » et refuse de faire endosser la décision de mettre fin à ce partenariat à l'Etat algérien. « Sonatrach regrette profondément la tonalité politique gratuite du récent communiqué de presse de Repsol et Gas Natural et leur tentative d'attribuer de manière injustifiée la décision de résilier le contrat à l'Etat algérien », peut-on lire dans le même communiqué. Pour Sonatrach, « le litige actuel est un litige entre associés dans une joint venture (coentreprise) ». C'est un litige « purement commercial » et il se limite au projet Gassi Touil, poursuit-elle. Les compagnies incriminées avaient accusé lundi dans des communiqués séparés le gouvernement algérien de vouloir contrôler entièrement le gisement en les évinçant, et annoncé leur intention de s'en remettre à un arbitrage international. Sonatrach affirme d'ailleurs ne pas avoir été informée sur ces actions. Elle s'estime dans son droit étant donné le non-respect des délais de réalisation. Le contrat stipule que le projet devait être réceptionné en 2009. Repsol et Gas Natural ont revu à la hausse la durée des travaux pour ramener la date d'achèvement du projet à fin de 2012 au plus tôt. Sonatrach tient, cependant, à préciser que ce litige ne remet pas en cause les autres partenariats avec Repsol. Elle souligne avoir donné toutes les assurances à Repsol que les autres projets avec elle, qu'ils soient existants ou futurs, ne seront pas affectés par l'existence de ce litige. Les effets de cette nouvelle n'ont pas tardé à avoir un impact sur la situation boursière des deux compagnies espagnoles. L'on assiste, en effet, à une baisse de la valeur de leurs actions dans le marché boursier suite à la décision de Sonatrach. Les analystes estiment néanmoins que cette baisse est limitée dans le temps. Certains affirment, toutefois, qu'il s'agit d'un coup dur pour Repsol dont 40% des nouvelles réserves pour 2007 jusqu'à 2010 devaient provenir de ce projet. Il devait également contribuer à hauteur de 20% dans la croissance du groupe entre 2007 et 2012 dans l'activité de gaz naturel liquéfié. Le contrat pour le projet intégré de développement du gisement de Gassi Touil d'une durée de trente ans, avec une période de développement de 54 mois, est du type partage de production. Il prévoit le forage de 52 puits de développement, la reprise des 16 puits existants, la construction des installations pour le traitement de 22 millions m3/j de gaz brut, la construction de nouvelles capacités de transport de 6,5 milliards m3/an de gaz-vente et la construction d'une nouvelle usine de liquéfaction d'une capacité de 4 millions de tonnes/an. Avec ce nouvel épisode, c'est la coopération énergétique entre l'Algérie et l'Espagne qui en prend un coup après les tergiversations espagnoles sur le projet du gazoduc Medgaz et les désaccords sur le prix du gaz.