Comment tisser une saine et forte relation entre les jeunes et leurs pays natal ? Question d'actualité et pas seulement en Algérie. A l'heure de la mondialisation, les pays soucieux de leur devenir sur la scène internationale ne cessent d'exploiter toutes les pistes possibles et imaginables pour ancrer l'amour du pays. L'une d'elle est de familiariser l'enfant — dès ses études primaires — avec la richesse et la diversité des patrimoines : local (de son village), national et universel ensuite. Il s'agit là d'une facette méconnue de l'éducation civique. Qu'il soit archéologique, historique, littéraire, folklorique et autres, ce patrimoine parle de mémoire, d'identité et surtout d'authenticité. Il véhicule des valeurs pérennes qui dessinent la personnalité d'un peuple sans altérer son ouverture au progrès. C'est le cas des pays situés au carrefour des civilisations et à l'intersection des continents. L'Algérie fait partie de cette catégorie. Cours de MAT Parmi cet héritage ancestral qui participe à l'éducation citoyenne, nous avons les métiers de l'artisanat traditionnel. Pour la première fois depuis l'indépendance, une Journée nationale leur sera consacrée. Elle aura lieu tous les 9 novembre sous la férule du ministère de la PME-PMI. Pour la première édition, celle de 2007, les organisateurs ont eu la présence d'esprit de s'adresser directement aux enfants et aux adolescents en plus des autres catégories d'âge et de public. Un choix judicieux que l'on retrouve à la lecture du programme de la journée. Y figure en bonne place, un cours magistral sur le rôle et l'impact des métiers de l'artisanat traditionnel (MAT). Il sera dispensé dans les établissements scolaires et les écoles de formation professionnelles. Deuxième activité programmée — ô combien pertinente sur le plan pédagogique — des visites guidées dans les ateliers de fabrication et auprès des maîtres artisans. Cette approche vivante vise à donner aux jeunes une image positive des métiers de l'artisanat. Qui sait si, au cours de ces rencontres conviviales mais ciblées sur le plan éducatif, des vocations ne viendraient pas pointer dans ces esprits en friche ? Il reste que pour la réussite de ces deux activités pédagogiques initiées en collaboration avec le MEN et le ministère de l'Enseignement et de la Formation professionnelle, des précautions doivent être prises. Rompus à ce genre d'activité, les enseignants auront à cœur de susciter chez leurs élèves débats, questions et surtout intérêt. Le cours magistral par exemple servira à préparer la visite sur le terrain. Désigner l'équipe qui s'occupera du reportage photo, celle qui transcrira au propre les informations recueillies, les impressions des visiteurs, les paroles du maître artisan… De retour à l'école ou au lycée, ils confectionneront un journal dédié à l'événement. Des idées surgiront à coup sûr de l'imagination fertile de nos jeunes. Ils proposeront peut-être d'organiser dans l'enceinte des établissements de petites expositions d'artisans locaux. Ils tapisseront le hall d'entrée de photos prises lors des visites. C'est là une occasion de créer une ambiance saine. Des élèves iront à la découverte d'horizons professionnels nouveaux. Certains d'entre-eux seront illuminés par la magie du produit, d'autres par la majesté des gestes de l'artisan. Tous seront touchés par la lecture historique que leur fera ce dernier. Il relatera la vie quotidienne de leurs ancêtres, les conditions de travail des époques lointaines. Ils prendront connaissance des symboles utilisés pour décorer telle et telle pièce. Une véritable école à elle seule qu'une bonne visite guidée dans l'atelier d'un artisan. Les MAT restent une passerelle d'orientation pour les jeunes en rupture de banc avec les études théoriques parce que doués d'une intelligence pratique et artistique. Les plus futés vous diront qu'il y a de l'argent à gagner à manier le burin, polir les poteries ou lisser un cuir. Une manne économique à ne pas négliger – quand l'Etat débloque les moyens pour encourager leur essor. A titre indicatif : les quelques artisans de la petite localité de Messaâd dans la wilaya de Djelfa ont réalisé un chiffre d'affaires de 5 milliards de centimes pour la seule année 2006 et ce, malgré les difficultés rencontrées. Leur occupation ? La fabrication du burnous de Messaâd, fait en poils de chameau. Et dire que dans certains pays voisins, les produits de l'artisanat traditionnel participent à l'alimentation du Trésor public en devises fortes. Une production qui sert d'attrait touristique et d'ambassadeur d'une culture.