L'élimination des Verts de la CAN 2008 au Ghana continue d'alimenter l'actualité footballistique. Le défenseur Antar Yahia se retrouve, à son corps défendant, au centre d'une polémique qui le dépasse. Retour sur les faits. Quelques instants après la défaite (1-2) face à la Gambie, à Banjul, synonyme d'élimination du prochain tournoi de la CAF, l'intéressé, sous le coup de la déception, fait une déclaration qui a fait le tour des rédactions et qui fait de lui le défenseur du sélectionneur Jean-Michel Cavalli. Elle a été assimilée à une forme de chantage (intolérable) : « Si Cavalli n'est pas maintenu, je ne reviens plus en sélection », rapportent les médias algériens. De retour chez lui en Allemagne, Antar Yahia prend connaissance « avec effarement de la campagne de presse déclenchée contre moi après les propos à chaud que j'ai tenus à la fin du match contre la Gambie. De là, à me désigner comme traître, il n'y a qu'un pas ! Je refuse ce procès. Antar Yahia a exprimé un sentiment qui a été, vite, monté en épingle pour le désigner à la vindicte populaire. L'esprit de ma déclaration était tout autre chose de ce qui a été rapporté. J'ai dit : évitons de tout casser et reprendre à zéro. C'est mon avis. Est-ce un péché de prôner la stabilité ? », fait remarquer le défenseur de Bochum (Allemagne). Les échos de cet épisode l'ont perturbé. Il revient à la charge : « Je dénie le droit à quiconque de mettre en doute mon engagement en faveur de mon pays. Je crois que je l'ai prouvé depuis que la fédération m'a fait appel. Je n'ai jamais refusé une convocation ou exiger quoi que ce soit en contrepartie. J'ai toujours défendu loyalement le maillot et les couleurs de l'Algérie », martèle celui qui a été le premier joueur au monde à bénéficier de la nouvelle loi de la FIFA concernant les joueurs autorisés à jouer avec leur pays d'origine après l'avoir fait avec le pays où ils ont fait leurs classes. Le joueur formé à Sochaux et transféré très jeune (17 ans) à l'Inter de Milan revient sur le contexte dans lequel il a fait la déclaration à Banjul. « Une élimination est toujours difficile à digérer. Dans ces moments, le joueur pense à arrêter sa carrière tant la déception est énorme. Les heures et les jours suivants, il est mal dans sa peau, envahi par un sentiment de honte et plein d'autres choses que connaissent ceux qui ont joué au football. C'est dans ce contexte, fortement marqué par la déception, que j'ai exprimé un avis personnel. Je tiens à préciser, vis-à-vis de l'opinion algérienne, ce qui suit. Antar Yahia est un joueur et comme tel il ne jouit d'aucun pouvoir de décision concernant le maintien ou pas du sélectionneur. Cette prérogative n'appartient à aucun joueur. Je ne refuserais jamais de répondre à une convocation en équipe nationale et ne poserais aucune condition pour mon engagement avec la sélection de mon pays. Enfin, que l'on me juge uniquement sur mes prestations sur le terrain. » Pour lui, « la parenthèse de Banjul est fermée. Il faut regarder devant », affirme l'intraitable défenseur de Bochum.