Des présidents de club ont mis à profit la réunion Ligue nationale de football (LNF) - clubs tenue dimanche soir au Mercure, pour relancer le débat sur les droits de télévision et le pactole que leur « lâche » la Fédération algérienne de football (FAF). Ils le jugent dérisoire. A tel point que le président du CABB Arréridj, Aïdel, a proposé à ses collègues de ne plus autoriser les caméras de la télévision algérienne à prendre la moindre image. Mourad Lahlou, président du NAHD, avait, avant lui, mis l'accent sur cet aspect. Dans leur écrasante majorité, les présidents de club épousent le point de vue des deux hommes. Pour rappel, avant 2002, la télévision versait à la fédération 9 millions de dinars en contre-partie des droits de retransmettre les matches de football des compétitions nationales. Avec l'arrivée de Mohamed Raouraoua à la tête de la fédération, l'accord a été revu à la hausse puisque la télévision a accepté de multiplier par quatre le montant des droits. C'est à partir de cette date que la FAF a institué le système de répartition équitable entre tous les clubs de la nationale I, c'est-à-dire deux millions de dinars pour chaque pensionnaire de l'élite. Aujourd'hui, les présidents de club veulent remettre en cause cette somme. Un d'eux dira : « C'est une broutille par rapport à ce qu'engrange comme gain la télévision . » A l'instar de bon nombre de ses collègues, celui-ci a l'intime conviction que « le gâteau n'est pas équitablement partagé entre les différentes parties et acteurs qui font le spectacle ». En prenant connaissance, hier, des commentaires de la presse sur la réunion de dimanche au Mercure, Hafid Derradji (directeur général adjoint de l'ENTV) a failli étouffer : « C'est du n'importe quoi ! Les clubs gagnent plus qu'ils n'en perdent contrairement à ce qu'avancent certains dirigeants qui osent parler de spectacle offert. Ils sont sérieux lorsqu'ils avancent la notion de spectacle ? Savent-ils de quoi ils parlent et de quoi il en retourne ? », s'exclame le commentateur vedette de la télévision. Il revient à la charge : « Les citoyens doivent savoir que la retransmission d'un match du championnat d'Algérie coûte deux fois plus cher que la rencontre Algérie-Brésil ou la finale de la prestigieuse Ligue des champions d'Europe. Les dirigeants se trompent lourdement, s'ils s'imaginent que leurs matches sont un spectacle et par-là même un produit facile à commercialiser », souligne-t-il. Les dirigeants qui réclament plus d'argent de la télévision fondent leur revendication sur la présence sur le marché de la chaîne arabe privée ART de cheikh Salah. Ils comparent les dividendes que récoltent les clubs marocains avec la manne ART qui détient l'exclusivité de la retransmission des matches de football du royaume chérifien. Un observateur très averti de ce dossier révèle : « Ceux qui comparent la quote-part qui revient aux clubs algériens et marocains au titre des droits de retransmission des matches oublient que les deux parties évoluent dans un système totalement différent. En Algérie, la télévision détient le monopole absolu en matière de retransmission. La FAF est son unique interlocuteur comme c'est bien précisé dans ses règlements généraux. Il y a quelques années, les clubs touchaient zéro dinar. Aujourd'hui, grâce à un accord tripartite ENTV-FAF-ART, les caisses des clubs enregistrent des rentrées ». Selon une source proche de ce dossier : « ART verse 7000 dollars à l'ENTV pour chaque match retransmis » et fait remarquer : « C'est un cadeau que la chaîne de cheikh Salah fait au football algérien. Nos matches ne sont pas un produit très commercial pour diverses raisons, entre autres les horaires indus (14 h), les jours (jeudi, lundi) des rencontres de championnat sans compter les bouleversements et chamboulements de la programmation qui portent un sérieux préjudice à la crédibilité du football algérien », ajoute notre interlocuteur. Le contrat en cours prend fin en 2008... et le débat reste ouvert.