C'est du jamais vu ! A moins de vingt jours de la date limite de dépôt des dossiers de candidatures aux élections locales du 29 novembre, les partis politiques peinent à confectionner leurs listes électorales. Cela non pas parce qu'ils ont des difficultés à choisir parmi leurs militants, mais plutôt parce qu'ils ont du mal à trouver des candidats. Si les « grands partis », comme on aime à les distinguer, arrivent, cahin-caha, à « remplir » leurs listes de candidatures au moins dans une majeure partie des wilayas, les formations dites « petites », et elles sont nombreuses, sont en grave panne de candidats. Mises à mal par cette sorte de « nouvelle pénurie », cette fois-ci, de personnes désireuses de briguer un mandat au sein des assemblées communales ou de wilaya, ces formations recourent étrangement à la pub. Elles ne sont, certes, pas toutes à pouvoir se payer des espaces publicitaires dans les journaux ou autres supports médiatiques. Mais celles qui peuvent, le font. Ainsi, le Rassemblement algérien vient de faire passer une annonce dans certains journaux appelant les citoyens à venir se présenter sous sa coupe. D'autres font du porte-à-porte. Nonchalance Mais les candidats ne se bousculent pas au portillon de ces formations. Même les militants affichent une profonde nonchalance et un désintérêt jamais égalé quant à ces élections, non pas parce qu'ils ne croient pas aux joutes électorales et à la démocratie, mais simplement parce qu'ils savent qu'elles ne serviront à rien. Les élus locaux qui font face directement aux problèmes nombreux et multiples des citoyens ne disposent pratiquement plus de prérogatives. Ils n'ont ni le pouvoir de gérer les finances locales, ni le foncier, ni le logement. Ces deux derniers relèvent des prérogatives des chefs de daïra nommés par décret présidentiel. Le manque de prérogatives n'est cependant pas la seule cause de la dissuasion des citoyens à se porter candidats à ces élections. Certains partis, comme le Rassemblement patriotique républicain de Abdelkader Merbah, n'hésitent pas à montrer du doigt les gouvernants qui ont amendé la loi électorale de telle sorte à freiner ces « petits partis ». La nouvelle législation, mise en place en été dernier, exige des partis politiques et des candidats indépendants ayant obtenu des résultats inférieurs à 4% lors des trois dernières élections législatives (1997, 2002 et 2007) d'appuyer leurs listes par au moins 3% de signatures d'électeurs dans chaque circonscription où ils parrainent des listes de candidatures. Des signatures qui devraient être signées par le P/APC et porteraient les numéros de la carte d'identité et de la carte de vote de l'électeur. Les recalés Le ministère de l'Intérieur a donné la liste des partis politiques qui ne remplissent pas lesdites conditions requises au sens des nouvelles dispositions de l'article 82 de la loi électorale. Ils sont au nombre de 16. Il s'agit des formations politiques suivantes : le mouvement El Infitah, le Mouvement pour la jeunesse et la démocratie (MJD), Ahd 54, l'Alliance nationale républicaine (ANR), le Mouvement de l'entente nationale (MEN), le Mouvement national pour la nature et le développement (MNND), le Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD), le Front national des indépendants pour la concorde (FNIC), le Parti du renouveau algérien (PRA), le Rassemblement algérien (RA), le Mouvement national de l'espérance (MNE), le Rassemblement patriotique républicain (RPR), le Front national démocratique (FND), le Parti républicain progressiste (PRP), le Mouvement démocratique et social (MDS), le Parti socialiste des travailleurs (PST). Ces amendements introduits sur les articles 82 et 109 de la loi électorale ont été interprétés par les « petits » partis comme une « menace de l'exercice démocratique dans le pays ». Treize parmi ces 16 partis touchés par ces nouvelles mesures ont d'ailleurs créé une structure commune appelée « Alliance pour la sauvegarde de la démocratie ». Pour Abdelkader Merbah, coordinateur de cette alliance, nombreux sont les militants qui ne veulent pas se présenter sous la coupe de son parti et de bien d'autres à cause de « ces nouvelles restrictions ». Selon lui, ces nouvelles mesures sont « anticonstitutionnelles ». Affirmant que la participation de son parti, le RPR, est « symbolique », M. Merbah accuse les formations au pouvoir d'avoir légiféré à leur profit en instituant « l'exclusion politique ». Il considère ainsi le prochain scrutin comme une pure élection « administrativo-policière ». Si les « petits partis » sont, quelque part, bloqués par ces nouvelles mesures « restrictives », les soi-disant « grandes formations » vivent encore avec le cauchemar de l'abstentionnisme des législatives du 17 mai dernier. La campagne pour les doubles élections des assemblées locales et de wilaya s'annonce d'ores et déjà morne et sans engouement.