Le dernier instantané intitulé « Mosquées-dortoirs » de votre serviteur n'a pas été du goût de certains lecteurs et c'est tout à fait normal... On peut ne pas tomber d'accord sur une question que d'aucuns considèrent comme taboue et avancer une série de prétextes. Soit. Le papier qui a mis en exergue un certain comportement pas très islamique constaté, non sans un haut-le-cœur et haut le cœur, dans la Maison de Dieu a été droit au but. Sans détour. Et pourtant, je m'interrogeais s'il fallait décrier cette image choquante qui n'honore ni la religion ni le musulman censé la refléter, de surcroît en cette période ramadhanienne. Jusqu'à preuve du contraire, et à ce que je sache, selon le basique que mon petit père m'a appris lorsque j'étais enfant, une mosquée demeure ce lieu de culte qui renferme ce ferment de sacralité où il n'est pas loisible de faire ce qu'on veut. Dans ce cas d'espèce, la pratique désobligeante des « dormeurs » et autres « tueurs de temps » reste une méconduite pour ceux qui cultivent, évidemment, le bon sens. Sans prétendre détenir le mandat de moralisateur, ne pas faire la part des choses entre la sérénité et l'apaisement de l'âme que peut procurer le silence d'une mosquée et le chahut d'un café, relève de l'abject. Se laisser aller dans la Maison de Dieu en commentant les derniers résultats du championnat national comme si on était dans un stade, relève de l'impertinence, voire de l'offense. Déplier son journal dans une position avachie pour faire les mots croisés ne signifie pas moins une effronterie commise à l'égard du lieu sacré qui nous accueille. A ce que je sache, on ne rentre pas pour piquer une ronflette ou « tuer » le temps en attendant l'appel du muezzin à la rupture du jeûne, sinon pour faire un retour sur soi. N'est-ce pas que le fidèle devient hôte dans la maison de Dieu et doit, par conséquent, faire montre de respect ? « Je ne suis pas chez toi et occupe-toi de tes oignons », me répond sèchement un musulman bien de chez nous, allongé de tout son corps en train de débiter des balourdises et autres choses en porte-à-faux avec l'esprit du lieu. Je me tais et je pense à mon petit père devenu, depuis, grand-père. Ce cave qui continue à m'apprendre les bonnes manières. Celles-là mêmes qui m'enseignent les propos d'un hadith : « Les paroles (en dehors de la bienséance, bien sûr) dans la mosquée consument les bonnes actions comme le feu détruit le bois ».