Tout ce qui y vit est enclin à disparaître et ne demeure que la face de Ton Seigneur ; Seigneur de Majesté et de Munificence. Ici « y » est un adverbe de lieu qui renvoie à la terre. Aussi toute chose a-t-elle une fin ici-bas, même les meilleures. J'entends par meilleure l'aventure heureuse que j'ai eue à vivre avec vous toutes et tous, chers lectrices et lecteurs d'El Watan. Chaque jour de cette lunaison écoulée bénie, j'avais à partager avec vous, via les colonnes de votre journal préféré une réflexion, tantôt dictée par des considérations conjoncturelles tantôt mue par des questions essentielles. Pour cette dernière chronique, vous aurez constaté que j'ai l'audace de conjuguer les verbes à la première personne en disant « je » rompant ainsi délibérément avec le nous stylistique dit de modestie. Non qu'il faille songer un instant – je l'espère – que mon cœur se soit enflé d'orgueil. C'est que, l'émotion aidant, le désir de proximité et de transparence me recommande de me placer d'emblée sur un plan testimonial, privilégiant le rapport direct avec vous. Vous qui êtes nombreux et qui m'avez exprimé par différents canaux vos critiques pertinentes, vos remarques judicieuses et vos marques de sympathie et d'amitié. Elles me touchent, me dépassent et me confondent. Mais elles m'encouragent à poursuivre. En effet, dans ces chroniques égrenées au fil des jours, c'est le citoyen-témoin qui s'exprime. Personne d'autre. Je ne fais rien d'autre que de vous livrer ce que je crois juste de dire et proclamer à partir d'une posture juste. C'est mon simple témoignage honnête avec mes limites et mes faiblesses d'homme. Certes, mes impressions et mes prises de position m'engagent et je les assume totalement en homme libre et indépendant d'esprit. Cependant, elles demeurent interrogeables, discutables, voire contestables. En tous cas, elles sont révisables et je ne les érige nullement en dogme absolu. Elles n'ont comme seule ambition que l'instauration de débats sereins et sérieux, avec une éthique de la discussion et de l'échange des points de vue, dans le respect du contradicteur. A ce sujet, je fais mienne, la parole d'un des fondateurs des quatre écoles juridiques, lorsqu'il affirme : « Mon avis est juste mais il se peut qu'il soit entaché d'erreur et l'avis de mon interlocuteur – contradicteur est faux – par définition – mais il se peut qu'il recèle une part de vérité et de justesse. » Il est bon de renouer avec cette grande tradition de dialogue, d'écoute et de circulation des idées. De nos jours, nous avons besoin dans nos sociétés malmenées et écartelées, de veilleurs dans la nuit, de guetteurs dans la Cité, de vigies morales et spirituelles qui ne transigent pas avec la démocratie ni avec les libertés fondamentales ni avec les droits de la personne humaine. Elles plaideront toujours pour l'acquisition du savoir, pour l'éducation, pour l'égalité et la justice sociale. Si, à mon niveau humble et petit, je peux y contribuer – un tant soit peu – avec d'autres hommes et femmes plus compétents, intègres et probes, ce ne sera que mon acquittement de la dette de reconnaissance envers un peuple digne et fier. L'Algérie a barre sur moi. Si j'ai appris un mot, une lettre, un chiffre, c'est grâce à ses instituteurs dévoués. Ce fut du temps heureux où ils ne déplaçaient pas les pupitres en classe à l'heure de la prière pour l'accomplir en plein cours avec les élèves contraints et forcés ! Ce fut du temps aussi où on apprenait l'engagement pour les valeurs de solidarité et d'entraide magnifiées par l'intelligence et la raison. On apprenait qu'il vaut mieux vivre peu de temps mais en phase avec ses convictions que de végéter longtemps en étant complice de ce qu'on dénonce par l'inaction et le silence. Merci à vous qui m'avez accompagné durant tout le mois de Ramadhan. Bonne fête à toutes et à tous. Et merci à la rédaction d'El Watan pour sa bienveillante sollicitation qui s'est transformée en une affectueuse sollicitude. L'auteur est Président de la Conférence mondiale des religions pour la paix